Le Skerwink Trail

Après notre courte escapade à Terra Nova National Park, nous reprenons la route pour descendre un peu plus au sud sur l’île de Terre-Neuve. La veille, une voyageuse de Colombie Britannique m’avait parlé d’un trail magnifique, plus au sud, dans la direction de Bonavista : le Skerwink Trail. Nous décidons, avant d’aller à St John’s, capitale de Terre-Neuve, de nous y arrêter. Cela nous fait faire un détour d’environ 1h30 pour notre route jusqu’à St John’s mais ce trail est classé parmi les plus beaux d’Amérique du Nord.

Il s’agit d’une marche de 5,3km le long du littoral, avec un ciel bleu et un beau soleil, c’est en effet magnifique ! Pas de difficulté notable sur cette courte randonnée, il n’y a qu’à apprécier le paysage !

Jour 3. Direction Terre Neuve

C’est donc après avoir traversé 2 provinces, 3 fuseaux horaires et parcouru 2276 km en van que nous arrivons à Blanc Sablon pour prendre le ferry jusqu’à Terre Neuve et commencer ENFIN les vrais vacances (finis les lever à 5h du matin pour enquiller les kilomètres !).

Arrivés ici, nous ne trouvons personne à l’office des tickets pour le ferry, nous avions pourtant pensé prendre celui de 18h. Nous retournons sur nos pas pour aller à « l’office de tourisme » (qui est plutôt une mini bicoque située au milieu de nul part). Là encore… c’est fermé ! Pourtant, il est censé être seulement 16h ici… nous finissons par trouver un centre de service. Une femme qui parle français (Blanc Sablon a beau être au Québec, sa situation géographique éloignée de la province mais toute proche du Labrador fait que la plupart des habitant parlent seulement anglais) nous indique que le prochain ferry partira seulement à 6h le lendemain matin. Douche froide pour nous, qui pensions enfin arriver à Terre-Neuve le soir même. Nous nous résignons donc à passer la nuit ici dans notre van. On pourrait s’attendre à ce que Blanc Sablon soit une grosse ville, c’est la dernière du Québec à l’Est, et la seule à bénéficier d’un ferry pour Terre-Neuve… Détrompez-vous. La ville est très étendue mais finalement minuscule, une ville « du nord » comme nous en avons vu au Labrador, avec les poubelles maintenues dans des coffres en bois fermés par des cadenas pour éviter d’être éventrées par les ours…

Nous trouvons un endroit sympa pour manger (malgré un vent d’une puissance incroyable) et pour passer la nuit. Mais quelle nuit ! Comme nous n’avons pas de réservation pour le ferry et qu’il n’y a que 25% des places qui sont attribuées sans réservation, il faut y aller 2h30 avant le départ afin de se mettre sur liste d’attente et espérer qu’il reste une place pour nous. Ne reste plus qu’à prier. Comme le fonctionnent semble également très flou même pour les habitants et qu’aucune indication n’est claire, nous mettons un premier réveil à 1h du matin afin de nous rendre au bureau des tickets. Arrivés sur le parking, des voitures attendent déjà, les personnes dorment à l’intérieur. Le bureau est toujours fermé. Nous décidons de nous rendormir jusqu’à 2h30 du matin. À 2h30, rebelotte, le réveil sonne et nous vérifions si quelque chose à bouger. TOUJOURS RIEN, nous nous rendormons jusqu’à 3h. Finalement, à 3h20, nous sortons pour aller faire la queue devant l’office afin d’être sûrs d’être premier sur liste d’attente. Un monsieur attend déjà. À 4h, les bureaux ouvre et on nous donne un ticket. Nous sommes 7ieme. Après une demi heure d’attente à l’intérieur, nous passons enfin et pouvons réserver nos billets. Après cette épopée, nous allons nous installer sur la ligne afin d’embarquer dans le ferry. Victoire, Terre-Neuve nous voilà, et tu es bien méritée !!!!

Peu de temps après, à 7h30, le ferry arrive enfin à Ste Barbe, sur l’île de Terre-Neuve. Nous nous attendions à une ville assez conséquente (tout de même, c’est celle qui relie Terre Neuve au continent !) et bien non… Ste barbe est minuscule, quelques maisons, l’embarcadère du ferry et… c’est tout ! Nous retrouvons un peu les villages du Labrador, assez déserts. À la différence près que nous sommes ici au bord de la Mer. C’est magnifique !

Nous avons prévu de nous rendre directement à la pointe nord de l’île, en passant par Raleigh, Saint-Lunaire-Grécquot, L’Anse aux Meadows et Saint-Anthony. Raleigh se trouve à une heure et demi de Ste Barbe. Nous sommes fatigués par la route des deux précédentes journées mais savons que cela vaut la peine. Nous arrivons à Raleigh vers 9h30. Le village de pêcheur semble désert, mais la vue est incroyable. Nous profitons de ce calme pour prendre un petit déjeuner et nous accorder une sieste bien méritée dans le van. À 11h, le réveil sonne ! Nous partons prendre l’air pour nous réveiller sur une petite colline qui surplombe le village.

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Par la suite, nous prenons la route pour l’Anse aux Meadows.  Ici, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, nous visitons l’endroit où les vikings auraient vécu en débarquant du Groenland, il a environ mille ans. Les habitations de l’époque ont été reconstruites, on s’y croirait presque…

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Chanceux, aussitôt que nous mettons les pieds sur le site, nous apercevons deux orignaux en train de manger un peu plus loin.

Majestueux une fois de plus ! Après cette courte visite, intéressante mais tout de même très rapide, nous reprenons la route pour Saint Anthony. La ville est un peu plus grosse, il y a un Tim Hortons ainsi qu’une assez grande épicerie où nous en profitons pour refaire le plein de victuailles. Ici, les prix sont légèrement plus élevés qu’au Québec mais les habitants (et les touristes !) sont exemptés des taxes. La note n’est donc pas si élevée. Pas d’autres interêt notable car aucun iceberg à l’horizon…

Nous décidons de reprendre la route, une fois de plus afin d’être débarrassés et de nous réserver les jours suivants uniquement à de la marche. Fini les grosses distances, ça sera la dernière fois avant plusieurs jours. Nous partons, vers 15h, au sud ouest de l’île, rejoindre le parc national du Gros Morne. Nous arrivons à 19h au centre d’accueil de Rocky Harbour.Ici, nous nous renseignons sur les meilleures randonnées à faire dans le parc. Il y a peu de « grandes » randonnées, la plupart sont d’une durée moyenne, mais toutes sont magnifiques. Le parc se partage en trois parties, séparées les unes des autres par 30min à 1h30 de route en voiture. Il est immense ! Au sein du parc, plusieurs petits villages longent la côte, ils sont, sur les cartes, en dehors du parc. En van, nous n’avons pas le droit de dormir dans le parc, à moins d’avoir payé un camping. La seule option est donc de dormir dans les petits villages au sein du parc, qui ne sont pas comptés comme étant dans le parc. Nous trouverons très facilement ici des endroits où dormir tout au long de notre séjour, et même de très beaux endroits.

À l’accueil, nous en profitons pour nous renseigner sur LA randonnée incontournable du parc du gros Morne : le Western Brook Pond. Mais si ! Regardez sur internet ! Tout aventurier qui se respecte a déjà vu cette photo avec cette vue incroyable quelque part :

Et bien c’est au Gros Morne, et nous sommes fermement décidés à y aller. Avant de partir, j’avais appris dans mes petites recherches sur internet que le seul moyen d’accéder à cette vue était de traverser le lac (Western Brook) avec une compagnie (bontours.ca, la seule à proposer cette traversée) pour un tour de deux heures et une modique somme de 65$. Néanmoins, je n’avais trouvé aucune indication sur la randonné qui menait à cette fameuse vue. Je savais seulement qu’il fallait être accompagné d’un guide, et que le bateau nous déposait au départ de cette randonnée. C’est avec stupeur que, au centre d’accueil, nous en avons appris plus… Effectivement, le tour en bateau est bien obligatoire pour déposer au départ de la randonnée.

Le guide prend le bateau avec nous, et la randonnée dure ensuite sur toute la journée, avant de rentrer en bateau de nouveau. Nous qui ne sommes pas fervents de visites avec guide, nous avions décidé de prendre sur nous, trop heureux que nous étions à enfin pouvoir jouir de cette vue ! La surprise vint après, à l’annonce du prix… 275$ par personne pour grimper cette montagne !!! Raison officielle : il n’y a pas de chemin tracé par Parc Canada, on ne peut pas y aller seul, c’est une randonné très difficile… encore à vérifier. Après avoir pris les renseignements sur les autres rando incontournables du parc (dont l’ascension du Mont Gros Morne) je demande à la jeune fille de l’accueil où nous pourrions nous doucher dans la ville (nous avons bien la douche portable dans la voiture, mais une vraie douche est toujours plus appréciable n’est-ce pas !) elle nous informe que la piscine de Rocky Harbour laisse les personnes comme nous (les vagabonds ?!) se doucher gratuitement. Après une bonne douche là-bas, nous filons à l’office de « Out Adventures », l’entreprise qui propose la montée du fjord Western Brook Pond avec les guides. Il est 20h déjà, mais ça tombe bien, les guides sont dehors en train de discuter. Je leur demande s’il leur reste de la place pour le lendemain, car j’ai vu qu’il ferait très beau. Hélas non, tout est complet jusqu’au lundi, soit deux jours plus tard. Tant pis, nous irons donc lundi ! Le guide m’informe que je dois passer le lendemain matin à l’office de BonTours, la compagnie qui s’occupe des bateaux (ceux qui nous emmène au départ de la randonnée) pour faire ma réservation. En fait, l’entreprise qui propose la randonné et la compagnie de bateau qui propose des traversées du lac semblent avoir un accord ensemble. Si vous n’avez pas de guide, ils ne vous débarqueront pas pour que vous puissiez faire la randonnée seule ! Business is business…Après cette journée bien chargée, nous cherchons un endroit pour manger puis passer la nuit.En allant sur la partie sud du parc, à la sortie de Rocky Harbour, nous trouvons un superbe point de vue sur la baie, vers Jenniex House (Norris Point). Malheureusement, il est interdit de camper ou de passer la nuit sur ce stationnement. Après manger, nous retournons donc en ville pour trouver un endroit où poser le van pour la nuit. Cela se trouve très facilement.

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Jour 2. Cap sur Blanc Sablon

Après une courte nuit, le réveil sonne à 6h30. Pas le temps de niaiser, 620km nous attendent aujourd’hui, dont 400 sur piste…. Nous aimerions arriver avant la nuit à Blanc Sablon afin d’avoir ENFIN le temps de souffler et de nous poser un peu. Ces deux premiers jours sont intenses à cause de la route, d’autant plus qu’il est encore censé pleuvoir toute la journée. Mais tant mieux s’il pleut pendant nos journées voiture !

Après un petit déjeuner au Tim Horton’s (qui est d’ailleurs très très fréquenté), nous faisons le plein d’essence, car c’est la dernière station avant 390km et pas question qu’il nous arrive une panne sur la gravel road.

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De jour, nous nous faisons une meilleure idée de la ville de Happy Valley. Beaucoup d’Inuits travaillent ici. Il n’y a que des pickup, et la ville ressemble autant que Labrador City à une ville du nord, conçue pour survivre aux hivers. Pas d’attraits en particulier, mais c’est très dépaysant de se trouver sur ce point du globe, d’imaginer leurs hivers ici, et se dire que, finalement, le Groenland n’est pas « si loin » !

Nous prenons la route. Les premiers 80 kilomètres sur la route 510 se font sur une route asphaltée, nous redoutons l’état de la piste que nous allons bientôt découvrir… il pleut toujours des cordes ! La première portion de piste est assez belle, la route est large et tassée.

Au final, la route de gravier n’est pas si pire. Elle se fait bien à 70km/h de moyenne. Plus difficile sur certaines portions, nous trouvons pas mal de nid de poule, il faut donc ralentir un peu. Mais dans l’ensemble, elle est large et bien praticable.

Surprise au bout de 300km sur la route de gravier…. de l’asphalte !!! Alors que nous nous attendions à faire un peu moins de 400km sur la piste, il semblerait que les travaux engendrés par le gouvernement du Canada nous permettent de gagner du temps : en effet, ils sont en train de réhabiliter la piste pour la goudronner sur toute sa longueur ! Effectivement, la route est refaite littéralement sous nos yeux ! Après une 40aine de kilomètres sur goudron, notre moitié droite de la route redevient piste, tandis que des travailleurs sont en train de goudronner la partie gauche. La piste est tout de même bien tassée et très praticable. Juste avant l’arrivée à Port Hope, la route 510 sud est de nouveau très bonne et goudronnée.

Mais que serait la vie sans certains couics ?! Il fallait bien qu’une merdouille nous arrive, c’était trop simple de faire 2000km sans encombres ! Juste avant de retrouver la route goudronnée (à peine 5 min c’est pour dire…) un pickup que nous croisons sur la piste nous envoie un caillou dans le pare brise…. et hop, un impact ! J’hésite à appeler Olivier de Carglass car l’impact n’est pas plus gros qu’une pièce de monnaie… mais cet homme là n’existe pas en plein milieu du Labrador !!! Nous ferons donc avec…. si c’est le seul hic du trajet, ça nous ira très bien.

Surprise quelques kilomètres plus loin, un petit ours noir traverse la route juste devant nous. Le temps de faire demi tour pour pouvoir le prendre en photo, il est déjà quelques mètres après sur le bas côté.

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Sur cette partie sud du Labrador, les paysages nous font penser a la région des lacs du Connemarra, en Irlande, que nous avons visité lors d’un précédent voyage. D’autant plus qu’un fin brouillard s’abat sur nous.

Bilan des deux jours de route jusqu’à Blanc Sablon : la route qui nous inquiétait le plus, la piste de 390km sur la 510 entre Happy Valley et Blanc Sablon est finalement celle qui a été le mieux ! Droite, bien tassée, et surtout plus courte que prévu, nous n’avons pas perdu de temps sur notre itinéraire. La route du premier jour, entre Baie Comeau et Labrador City, qui nous a donné deux portions de piste, était finalement bien pire avec tous ces zig Zag en montées et descentes ! Tout de même, entre Red Bay et Blanc Sablon nous retrouvons quelques portions de piste.

Au final, nous mettrons environ 8h pour descendre la 510 de Happy Valley Goose Bay jusqu’à Blanc Sablon et aurons traversé 3 fuseaux horaires. En effet, en arrivant au Labrador nous avons ajouter une heure à nos téléphone et, dans le sud du Labrador ainsi qu’à Terre Neuve, encore une demi heure en plus. En fait, lorsqu’il était 15h à Montréal, il était 16h30 dans le sud du Labrador. Arrivés à Blanc Sablon, nous sommes censés reprendre l’heure du Québec. Seulement nous réalisons rapidement qu’ici, ils vivent à l’heure de Terre Neuve ! Les horaires du traversier (heures de départ de Blanc sablon) sont à prendre en compte avec l’heure de Terre Neuve ! Une incroyable embrouille pour le cerveau.