Le Petit Mapou

Nous avons effectué une randonnée au Petit Mapou au départ de la Fenêtre des Makes. Il s’agit d’une boucle passant par le Camp 2000. Nous recherchions une courte randonnée, agréable en restant sportive, qui pourrait nous occuper sur la matinée. Le Petit Mapou a rempli nos critères et nous a conquis !

Le point de départ de cette randonnée est certainement le plus beau point de vue.
Au fil de l’avancée, les panoramas restent sensiblement les mêmes, à cela près que la hauteur change.

En partant de la Fenêtre, on rejoint en 2 kilomètres, soit environ 40 minutes, le sommet du Petit Mapou. Ce début de randonnée n’est que de la montée, commençant dans une forêt de cryptomérias sur un chemin forestier. Après avoir traversé une zone dévastée par un ancien cyclone, il faut suivre la piste à droite, qui monte de manière régulière dans une forêt, jusqu’au point de vue du Petit Mapou.

On continue ensuite en alternant plat et montée, à flanc de falaise puis dans la forêt domaniale des Makes.

Sur la partie à flanc de falaise, les points de vue sont magnifiques lorsque le ciel est dégagé

Enfin, on atteint le Camp 2000. Depuis celui-ci, il faut marcher environ 1,8km avant de tourner à gauche et rejoindre le sentier du retour, qui repasse par le Petit Mapou et redescend à la Fenêtre des Makes. Le chemin est vraiment agréable.

La randonnée fait 10km pour un dénivelé positif de 718m. Il faut s’attendre à monter de manière régulière sur plus de la moitié de la promenade.
Il est important de la commencer tôt, si l’on veut avoir une vue dégagée sur Cilaos ! A notre arrivée à 8h30, il y avait déjà quelques nuages, mais la vue était splendide. A notre retour peu avant midi, de gros nuages obstruaient déjà le paysage.

Le Dimitile

Parmi les randonnées incontournables que nous voulions effectuer à la Réunion, le Dimitile figurait en tête de liste. Il est en effet très connu pour avoir abrité des esclaves, venus se cacher dans ses sommets, au début des années 1800. Le « Camp Marron » (marronnage étant le nom donné à la fuite d’un esclave hors de la propriété de son maitre, et le nom « marron » se rapportant au fugitif lui-même) a été érigé au sommet du Dimitile, à quelques centaines de mètres de la table d’orientation, en commémoration de cette époque.

Plusieurs chemins mènent au Dimitile. Nous avons choisi d’emprunter l’itinéraire dit intermédiaire (pas le plus facile, ni le plus difficile-, le sentier Zèbre. Il est possible, lorsqu’on prend cet itinéraire, d’utiliser une alternative pour la redescente et de bifurquer sur le sentier Jument, qui permet alors d’effectuer une boucle mais rajoute 2km. Notre idée première était de faire l’aller-retour sur le sentier zèbre…

Les différents guides que nous avons consulté pour cette randonnée n’étaient pas d’accord sur le kilométrage et la durée. L’un proposait 7,5km et 3h pour la montée, avec une randonnée totale de 16km, tandis que l’autre donnait 19km et 7h de marche. Bon…. Nous sommes donc partis sans idée très tranchée sur la question. Nous avons commencé notre ascension du Dimitile à 7h le matin, afin de pouvoir arriver en haut avant que ce ne soit couvert par les nuages, comme c’est souvent le cas à La Réunion dans les sommets à partir du milieu de matinée. La montée étant difficile, nous méritions VRAIMENT d’avoir une vue une fois en haut !

Le départ de randonnée, quel que soit le sentier que vous choisissez, se situe à Entre-Deux, un village créole typique qui se situe en avant des remparts du cirque de Cilaos. Une fois entré dans le village, il suffit simplement de suivre les panneaux indiquant « Le Dimitile » puis « Par le sentier Zèbre » afin de trouver le départ de randonnée. La première portion de randonnée emprunte une route bétonnée du village, mais pour très peu de temps. La montée ? Elle commence DIRECT !

Je ne vais pas passer par 4 chemins : pendant 3h à 4h, suivant votre rythme, il faut monter, monter, et toujours monter. Le chemin par le sentier Zèbre est difficile. Il est étroit, parfois sur des crêtes, parfois à flanc de falaise, humide, et très glissant. Sur certaines portions, des marches en bois ont été aménagées afin d’éviter de trop glisser. Il faut parfois traverser une épaisse végétation, mais remercions là, car elle vient aussi amortir les chutes, s’il y a, et pourrait éviter de tomber à pic…

Nous n’avons pas pris de réel plaisir durant cette ascension, que nous avions hâte de terminer. Seule la toute première partie, après 1km, donne une vue incroyable sur les montagnes à notre gauche, et la ville d’Entre-Deux, derrière-nous.

Sur la suite du sentier, un ou deux belvédères sont aménagés mais, à notre passage en tout début de matinée, le brouillard nous avait déjà envahi, gâchant quelque peu le plaisir.

Parlons-en de ce brouillard ! Montant depuis plus de 2h30 et ne trouvant plus de point de vue dégagé, nous commencions à désespérer de trouver une belle vue au sommet… Cela ne nous a pas forcément aidé psychologiquement dans cette rude montée mais… Nous y sommes finalement parvenus ! En arrivant au sommet de la montagne, que vous reconnaitrez aisément car l’on s’arrête enfin de monter, plusieurs chemins se croisent. En venant du sentier Zèbre, il faut emprunter, sur la gauche, le chemin Bayonne qui, en une cinquantaine de marches, nous amène au sommet du Dimitile (reconnaissable par l’antenne), avec sa table d’orientation. Après 3h30 de montée non-stop et 9,5 kilomètres (on est loin des indications données dans les guides n’est-ce pas !), nous en avons enfin vu le bout. Il était alors 10h30, et les nuages commençaient tout juste à cacher les sommets. Fort heureusement, nous avons pu avoir une vue encore dégagée sur le cirque de Cilaos, belle récompense !

Nous avions pris la décision, lors de la dernière partie de la montée, de ne pas redescendre par le Sentier Zèbre. Nous avons en effet estimé que certaines portions, en descente, seraient extrêmement dangereuses car le chemin était alors très glissant et boueux. Aventureux mais pas bêtes… Nous avions relevé sur Google Maps qu’une route menait au sommet, jusqu’au Camp Marron, et espérions secrètement qu’un bus irait jusque-là…mais… noooon ! Trop facile ! En fait, il ne s’agit pas d’une véritable route mais d’un chemin plus large, en terre, boueux et salissant, ou les pick-up, les motos et les quad peuvent passer (nous en avons croisé plusieurs groupes qui prenaient du bon temps dans la boue).

Après une pause sur l’une des tables de pique-nique du Camp Marron (alors sous les nuages et sous la pluie), nous avons pris la décision de suivre cette route, redescendant vers Entre-Deux. Un petit coup de GPS nous a indiqué qu’il nous faudrait alors compter 16km pour rejoindre le village… Dur… Notre aller-retour ne devant à la base faire que 16km si l’on se fiait au guide, se transformait finalement en une boucle de 26km… Pas le choix, quand faut y aller, faut y aller.

Un petit snack aménagé au Camp Marron

Nous avons pris notre mal en patience (et nos pieds également) et avons commencé à redescendre cette portion. Très vite, nous avons remarqué que le sentier Bœuf-La Chapelle, le plus facile pour se rendre au Dimitile puisqu’il part d’un parking 4km plus bas que le sommet, nous permettait de prendre des raccourcis. Nous l’avons emprunté au départ, jusqu’à nous rendre compte qu’il s’agissait également d’une véritable patinoire, bien que, contrairement au sentier Zèbre, les chutes étaient moins risquées car pas de précipice direct de chaque côté du chemin.
Nous avons préféré retourner sur la large route boueuse, quitte à faire quelques kilomètres de plus. En un peu plus de 6km, nous avons rejoint le parking du Dimitile.

Physiquement, la redescente était très pénible. Peu après le parking, et après plus de 20 kilomètres de marche, la lâcheté nous a rattrapé… Oui, j’avoue… Nous avons fait du stop !!!! La redescente sur cette route bétonnée était très longue et sans intérêt, nous avons préféré abréger nos souffrance. Un groupe de randonneur qui redescendait du parking du Dimitile en voiture a eu la gentillesse de nous prendre pour nous déposer au village d’Entre-Deux, où nous avions garé notre voiture. Ils nous ont quand même épargné 6km de marche de plus…

Finalement, cette randonnée, bien que difficile, vaut clairement la peine. Le sommet donne une vue incroyable. Toutefois, nous conseillerions d’éviter de la faire par temps humide ou pluvieux, les chemins sont vite glissants et dangereux.

La Canalisation des Orangers et la Rivière des Galets

Il y a deux semaines, nous avons décidé de partir en trail sur un sentier incontournable de l’île de la Réunion : la canalisation des Orangers. Il est très connu des habitants et fait le bonheur des touristes pour deux raisons : il permet d’entrer dans le cirque de Mafate et offre de magnifiques points de vue sur toute sa longueur, mais en plus de ça, c’est l’un des rares (très rare…) chemin de l’île quasiment PLAT. Non, vous ne rêvez pas ! Il est encore possible à La Réunion de trouver un chemin sans trop de dénivelé, et celui-ci est l’un des plus beaux. C’est ce dernier argument qui, un week-end où nous étions un peu fatigués des grosses randonnées bien ardues, nous a convaincu d’aller y faire un « petit » tour, de 20km. L’avantage de la canalisation des Orangers, c’est en effet son accessibilité, pour les marcheurs de tout niveau, permettant de pénétrer, sans trop d’efforts, dans le cirque de Mafate, avec des panoramas grandioses tout du long.

Une petite pause s’impose pour admirer le paysage

En voiture, il faut se rendre à Sans Souci, dans les hauteurs de la ville de Saint-Paul, pour commencer la randonnée. Il suffit de trouver (difficilement d’ailleurs, le week-end, la randonnée est très empruntée) une place pour se garer en bord de route après l’arrêt de bus de la « Citerne Rouge » puis repérer cette fameuse citerne. La randonnée commence ici, sur un petit sentier qui part sur la gauche. Bon, stoppons de suite les illusions, arrêtons de nous leurrer, bien sûr que non, un sentier TOTALEMENT PLAT à La Réunion n’existe pas, il faut toujours fournir quelques efforts ! Ici, avant d’atteindre le sentier plat de la canalisation, il faut tout de même monter, sur une courte durée. Sur cette partie qui monte, il est possible de suivre la large piste, ou de prendre quelques raccourcis, plus étroits et plus abruptes, marqués par des points jaune. Ils évitent de longues portions de piste mais restent réservés aux marcheurs habitués, car ils sont très raides dès le départ et ne permettent pas de se reposer. Avant de rejoindre le sentier plat, il faut monter sur environ 2km. Sur ce début de parcours, en se retournant, un beau panorama sur Saint-Paul, Le Port, et l’océan en contrebas nous est offert.

Après ces premiers efforts, nous arrivons sur le chemin de la Canalisation des Orangers, assez large, pratiquement plat, et peu abrité du soleil. Il se trouve à flanc de rempart et domine la rivière de Galets, en contrebas.

Le chemin s’engouffre petit à petit dans le cirque de Mafate et offre des vues incroyables, qui donnent envie de s’arrêter à chaque minute pour les photographier. Difficile donc de faire un trail en maintenant son rythme ! Nous avons parcouru une vingtaime de kilomètres sur le chemin en courant, tout en appréciant la vue.

Nous avons fait demi tour après environ 1h30 de course pour retourner à la voiture. 21 km au total, sous un soleil de plomb, mais qui sont au final passés très rapidement grâce au nombreux points de vue agrémentant notre trajet.

Sur notre parcours, nous avons pu nous rafraichir deux fois : une fois grâce à la très fine cascade de l’ilet Flamand, coulant sur la paroi du rempart, et une seconde fois vers le dixième kilomètre, à l’aide d’un petit filet d’eau installé ici. Pour tout vous dire, ces deux points d’eau m’ont été d’une grande aide au retour… En courant, j’ai glissé sur la petite caillasse au 11ème kilomètre, ce qui m’a valu de m’ouvrir les genoux, les mains, et le coude. La poussière, la chaleur et le sang me cuisant, les filets d’eau m’ont permis de nettoyer les plaies et de me rafraichir. Mais le trajet retour n’a pas été de tout repos ! Heureusement que le sentier est plat…. Attention donc de bien se tenir contre la paroi, que ce soit en courant ou en marchant sur ce sentier, car le précipice est proche et il n’y a aucune sécurité. La chute serait fatale.

On peut suivre le tracé du chemin, sur la montagne à gauche

Attention aux chutes !

En plus d’offrir une vue sur les différentes ondulations montagneuses et les reliefs incroyables de cette île, cette randonnée permet aussi de contempler quelques îlets, ces petits hameaux créoles composés de quelques habitations seulement. Ils sont ravitaillés par hélicoptère.

Les différents points de vue sur la Rivières des Galets en contrebas nous ont donné l’envie d’aller la voir de plus près. C’est donc lors d’une autre excursion, ce week-end, que nous avons décidé de partir en bivouac dans cette zone. Nous nous sommes garés, peu avant 16h30, après La Poste de La Possession, sur un large parking au début du sentier longeant la rivières des Galets. Nous nous sommes inspirés de cette randonnée pour notre sortie, et l’avons modifié un peu.

Le début de la randonnée

La randonnée n’est pas difficile en terme de dénivelé : elle se déroule quasiment tout du long à plat, puisqu’il s’agit de longer la Rivières de Galets, pour s’introduire dans le cirque de Mafate. Cet itinéraire par la rivière est souvent emprunté par les marcheurs pour s’échauffer les muscles avant d’entamer les ascensions, au sein du cirque, vers les différents îlets (les petits villages perchés dans les montagnes). La difficulté de la randonnée réside essentiellement dans sa longueur (26km pour notre part), sur une piste caillouteuse et poussiéreuse, qui demande, environ tous les 2 km, de déchausser pour pouvoir traverser la rivière.

Un bonheur de remettre ses chaussettes sur pieds mouillés n’est-ce pas ?

Cela prend donc beaucoup de temps et beaucoup d’énergie, mais peut aussi faire un peu mal aux pieds, à force… Sur certaines traversées, des gros cailloux permettent de sauter de l’un à l’autre sans avoir besoin de se mouiller les pieds, mais cela reste très rare.

Avec un gros sac de trek dans le dos, il est facile de perdre l’équilibre, et si l’on ne veut pas finir à l’eau, il est préférable de se mouiller les pieds (parfois jusqu’aux genoux) et traverser la rivière directement. Avec Thibault, nous avions prévu le coup et pris avec nous nos chaussures d’eau, afin d’éviter de glisser sur les rochers vaseux au fond de la rivière, en la traversant.

Toutefois, il est aussi possible de ne pas se prendre la tête et de fournir moins d’efforts, en parcourant les premiers 8km de ce chemin avec un chauffeur, en 4×4. Cela permet d’éviter toutes les traversées de rivière et ce long chemin à parcourir sous un soleil de plomb puisqu’il n’y a pas d’ombre. Les chauffeurs de 4×4 proposent de prendre les personnes, moyennant une somme d’argent, au début de la randonnée, et les emmènent à l’entrée du cirque de Mafate.

Vous commencez à nous connaître, la simplicité, on n’aime pas trop ça; l’effort, il n’y a que ça de vrai ! Nous voulions mériter notre bivouac, et avons donc choisi de parcourir la totalité du trajet à pieds. En plus, cela nous a aussi permis de profiter des couleurs du ciel avec le soleil se couchant… Magnifique !

Après 10km parcouru et juste avant la nuit, nous avons trouvé l’endroit parfois pour notre bivouac : une petite plage de sable noir, accessible uniquement en crapahutant sur les rochers. Pas de risques d’être dérangés par d’autres marcheurs ! Nous étions même à l’abri des regards.


Après avoir installé notre tente et notre campement, nous nous sommes autorisés un petit bain rafraichissant dans la rivière, à la lumière de nos lampes frontales. Le petit plus que nous avons pu tester pour la première fois ici, c’est notre filtre à eau/purificateur d’eau. Nous avions investi il y a quelques temps d’un une pompe permettant de filtrer et purifier l’eau, afin d’avoir de l’eau potable en toutes circonstances. Dans un lieu comme l’île de La Réunion, où il fait très chaud, c’est indispensable. La pompe, en mettant le tuyau dans la rivière et l’embout d’arrivée dans nos gourdes, nous a permis de récolter de l’eau propre. Si vous voulez plus de renseignements sur le fonctionnement de notre purificateur d’eau, il s’agit de celui-ci.

Plus tard, nous nous sommes endormis sous la tente bercés par le bruit de l’eau et… des crapauds !

Au petit matin, c’est les discussions de randonneurs passant sur le chemin au loin qui nous ont réveillé vers 6h30. Nous avons très vite remarqué que le chemin était très très emprunté durant la journée, par des dizaines de groupes s’étant fait déposer par les 4×4. Après avoir replié notre campement, nous avons continué notre randonnée 3 kilomètres plus loin, jusqu’au barrage, qui est sans intérêt aucun.

La chaleur devenant très forte au fil de la matinée, nous avons alors rebroussé chemin, et il nous a fallu pas moins de 4h30 pour retourner à notre voiture et effectuer les 16 kilomètres qui nous en séparait. Il faisait alors 39 degrés et nous avons perdu beaucoup de temps sur les multiples traversées de rivière, nous faisant nous déchausser à chaque fois, enfiler nos chaussures d’eau, et ainsi de suite…

Nous sommes toutefois très contents d’avoir découvert ce joli spot de bivouac, où nous pourrons sans aucun doute emmener nos amis les moins sportifs pour passer un beau moment dans la nature et se baigner !

Le Piton des Neiges


Ahhhh ce fameux sommet qui nous faisait de l’oeil depuis notre arrivée à La Réunion ! Et pour cause ! Le Piton des Neiges est le point culminant de l’île la Réunion, avec ses 3070,50 mètres d’altitude. Autant vous dire que nous avions hâte de pouvoir le grimper.

Le Piton des Neiges est en fait un édifice volcanique, qui constitue les 3/5ème de l’île de La Réunion. Plus précisément, c’est lui qui, il y a 3 millions d’années, aurait donné naissance à l’île. Il n’est plus en activité depuis 12 000 ans et aurait perdu 1000 mètres lors de l’effondrement de son cratère, entrainant ainsi la formation des cirques alentour (Cilaos au sud, Mafate au nord ouest, et Salazie au nord-est), constituant aujourd’hui le coeur et la renommée de La Réunion.

La montée au Piton des Neiges est certainement l’une des randonnées les plus célèbres et les plus fréquentées de l’île de La Réunion. Néanmoins, avec ses quelques 1700m de dénivelé positif sur 8km, il faut tout de même y être préparé. Pour des marcheurs habitués, cette randonnée n’a pour autant rien d’un exploit : elle est très accessible, le sommet s’atteint en 3h30 à 4h pour des bons marcheurs, permettant ainsi de l’effectuer sans problèmes en une journée si l’on part assez tôt.
Partir du lieu-dit Le Bloc, situé à 1380m d’altitude, juste au-dessus de Cilaos, est le chemin le plus rapide, mais aussi le plus raide et éprouvant, pour y arriver.

Le Piton des Neiges est connu pour ses magnifiques levers de soleil, c’est pour cela que les randonneurs s’organisent en général pour arriver au sommet entre 4h30 et 5h du matin pour ne pas manquer le spectacle. La plupart du temps, les touristes et marcheurs occasionnels choisissent d’effectuer l’ascension en deux temps, avec un arrêt pour la nuit au Gîte de la Caverne Dufour, qui se situe à 5km du départ de randonnée et à 3km du sommet. L’ascension est en effet déjà très sérieuse dans les premiers lacets et jusqu’à l’arrivée au Gîte. Il faut donc garder des forces pour la suite si l’on ne prévoit pas d’y passer la nuit !

Si vous avez déjà lu nos précédentes aventures, vous commencez à nous connaître… C’est donc sans étonnement aucun que vous apprendrez que NON, nous n’avons pas dormi au gîte, mais OUI nous avons bel et bien décidé de camper au sommet, pour ne rien rater du spectacle. Bon, il faut dire aussi que nous, le bivouac, on adore ça. Planter notre tente en pleine nature, entourés de beaux paysages, faire cuire nos repas avec notre petit réchaud et boire nos cafés fumant en observant l’horizon… C’est ça pour nous le paradis. Le bivouac au sommet du Piton des Neiges était donc une évidence.


Notre bivouac, au petit matin, au sommet du Piton des Neiges

Avec la chaleur de plus en plus forte en ce mois de novembre sur l’île, mais aussi à cause de nos emplois du temps respectifs, ce n’est qu’à 19h que nous avons débuté notre randonnée. Depuis Saint-Denis, nous avons mis 2h en voiture pour rejoindre Le Bloc, le départ de la randonnée. C’est ici que nous nous sommes garés, au pied de la forêt d’où commence l’ascension. A notre arrivée, de nombreuses voitures étaient déjà stationnées, nous laissant imaginer le monde au gîte et/ou en bivouac au sommet. Pour autant, tout au long de notre ascension, nous n’avons croisé PERSONNE.

La nuit venait de tomber, nous nous sommes chacun équipés d’une lampe frontale, avons mis sur nos épaules nos sacs de trek (avec tente et matériel de camping dans celui de Thibault, vêtements et nourriture dans le mien) et nous nous sommes mis en route. Pas de surprise, la montée débute ILLICO ! La première partie de l’ascension, soit les 5km jusqu’au gîte, nous fait rencontrer tous les types de sentiers que l’on peut trouver à La Réunion : terre, marches en pierres (hautes, très hautes, moins hautes…), marches en bois, échelles métalliques… Qu’on se le dise, il n’y a pas de partie plate, seulement 2 ou 3 faux plats donnant l’espoir de pouvoir se reposer, mais ne durant, en fait, que l’espace de 30 petites secondes…
Nous avons fait la randonnée de nuit, mais les points de vue sur le cirque de Cilaos entre Le Bloc et le Gîte de la Caverne Dufour sont très rares, nous n’avons donc rien raté au niveau de la vue. A 2,5 km du départ, nous nous sommes autorisés un arrêt près d’un abri où coulait une source rafraichissante. Bon à savoir, le tuyau permet ici de remplir les gourdes d’eau si vous êtes déjà à sec !
Nous n’avons pas regretté d’être partis une fois la nuit tombée car il faisait encore très très chaud lors du début de notre ascension, nous étions trempés !
Après 2h25 de montée sur tous types de marches, nous sommes arrivés devant le gîte, seul source de lumière dans la nuit qui nous entourait. La photo ci-dessous a été prise le lendemain matin et vous montre le point de vue que l’on a sur le gîte lorsque l’on rejoint le sommet.

Le gîte de la Caverne Dufour. A gauche, la montée vers le sommet du Piton des Neiges…

Pas une seule âme qui vive à l’horizon, ni un seul bruit à l’intérieur du gîte alors qu’il n’était que 21h30… les marcheurs avaient dû se coucher tôt en prévision du lever très matinal pour aller admirer le lever du soleil au sommet. Nous avons cherché, silencieusement, à remplir nos gourdes d’eau… Pas de chance, pas d’eau potable dans le gîte ! Nous avons tout de même bu une gourde que nous avions apportée et l’avons remplie d’eau non potable, que nous ferions bouillir par la suite pour préparer notre repas.

Ce serait mentir de dire que les 3 derniers kilomètres étaient les plus faciles… Cette portion, la deuxième partie du trajet, est bien différente. Plus vraiment des marches mais plutôt des blocs sur lesquels il faut sauter en suivant les traces blanches, puis des petits gravillons et de la terre. La montée est régulière et emmène, depuis le gîte, en une heure environ au sommet. La flore se fait de plus en plus rare. Les photos qui suivent ont été prises le lendemain matin, dans la redescente :

C’est ici que nous avons mis le plus de temps. La nuit, la fraicheur arrivant (et des bourrasques de vent avec), les jambes fatiguées, la faim qui nous tiraillaient… Ok, je dis « nous » mais c’était certainement moi la plus faible. Sur la fin, Thibault a même décidé de porter mon sac, en plus du sien, tellement j’avais ralenti. C’est donc très lentement que nous avons vu défiler le chemin jusqu’au sommet. Mentalement et physiquement, cette portion était difficile. La nuit jouant des tours, nous n’avions pas de repères et ne savions pas vraiment quelle ligne de mire viser. Thibault m’annonçait « 400m restant », puis « 200 » puis « 140 », mais impossible d’en voir la fin !!! Les 140 derniers mètres ont été les plus longs, il fallait se faire violence pour mettre un pied après l’autre et il était toujours impossible de repérer le sommet et les emplacements prévus pour les tentes.

C’est sans forces que nous avons enfin atteint, vers 23h, le sommet du Piton des Neiges. Le vent soufflait très fort et, trempés de sueur après notre ascension, nous n’avons pas tardé à trembler de froid. La température au sommet du Piton des Neiges est d’environ 4 degrés la nuit en été (de novembre à février), avec un ressenti certainement plus frais dû au vent. Dans les mois les plus froids, il peut faire jusqu’à -1 au sommet. Il est important de prévoir des vêtements secs (et chauds) pour se changer une fois arrivé là-haut.

D’emblée, un groupe de campeurs déjà installé et encore debout nous a désigné un emplacement encore disponible, juste à côté du leur. Au sommet du Piton des Neiges, un petit dizaine d’emplacements pour les tentes sont prévus, entourés de cairns (des espèces de murs en pierres), pour protéger du vent. Une chance d’en avoir eu un encore disponible en arrivant aussi tard !

C’est silencieusement pour ne pas réveiller les quelques autres courageux dormant au sommet, et efficacement, que nous avons installé notre campement. A minuit, nous étions au chaud, dans nos duvets, en train de déguster nos sachets de pâtes lyophilisées. Attention je vous préviens, la photo est collector !

Nous, plein de sex-appeal, dans notre tente

Pour ne pas avoir froid, nous avions chacun enfilé plusieurs couches de vêtements : un collant et un jogging par dessus en bas, un T-shirt à manches, un haut technique à manches, et encore une polaire par dessus en haut. Nous n’avons pas eu froid mais la nuit fut tout de même très courte. Les bourrasques de vent était très importantes et faisaient beaucoup de bruit. Alors que j’ai pu dormir environ 1h30, Thibault n’a dormi que quelques minutes par-ci par-là. Vers 4h30 du matin, nous avons été réveillés par les premiers marcheurs venant du gîte. Nous nous sommes levés rapidement pour replier la tente, ranger les affaires, et pouvoir aller prendre notre petit-déjeuner face au soleil levant. Et il était vraiment temps ! Même si le lever du soleil n’était indiqué à la météo qu’à 5h38, le ciel était déjà coloré de rose, de jaune et de orange sur les coups de 5h du matin. Il ne faut donc pas arriver plus tard au sommet.

Face à ce spectacle, nous avons trouvé un coin « tranquille » pour faire bouillir notre eau pour le thé, et manger nos flocons d’avoine dans ce paysage unique en admirant le lever du soleil derrière les quelques nuages.

Pour le petit-dej, y a pas mieux !

Je précise en ironisant un coin « tranquille » car, on ne va pas se mentir, c’est une industrie ! Alors que nous étions moins d’une dizaine à dormir au sommet, au lever du soleil, à 5h du matin, il y avait une bonne soixantaine de personnes. Autant vous dire qu’il faut vous préparer à entendre fuser les « C’est le Grand-Bénare en face » « C’est Mafate à gauche » « Oh on voit Cilaos en bas »… Bref, les commentaires des autres, venant toujours briser la tranquillité de l’instant. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Thibault les adore, les autres…

Cependant, effectivement, la vue sur le Grand Bénare en face, et Cilaos à nos pieds, est époustouflante. On prend ici toute la mesure de ce relief unique qui constitue l’île de La Réunion, avec ses piques acérés, ses crêtes, ses pentes raides, tantôt verdoyantes, tantôt rouge volcanique, ce vide, cette immensité. Le paysage est magnifique.

Cassons la légende tout de suite : nous avions lu « vous ne tiendrez pas 10 minutes sans gants, sans bonnets, sans couverture de survie au sommet »… Bon, ce ne serait pas un peu exagéré tout ça ?! D’accord, nous venons du Canada mais quand même ! Au petit matin nous n’avons pas eu froid, au sommet, avec seulement nos coupes vent et nos hauts à manches longues. Pas de bonnets et pas de gants. Peut-être sont-ils plus nécessaires dans les mois les plus froids, hors période estivale.


Après avoir observé le lever du soleil, puis les paysages à 360 degrés, nous avons amorcé la redescente vers 6h15. La météo était agréable.

En 1h, nous avons atteint le gîte. Les deux heures suivantes nous avons sauté de marches en marches pour rejoindre le parking. Pour le coup, la difficulté dans la redescente est inverse à celle de la montée ! C’est la deuxième partie qui est la plus fatigante : impossible d’aller très vite puisque ce sont surtout des marches, qui changent toujours de hauteur.
Toutefois, la descente offre quelques beaux points de vue sur Cilaos. Par ailleurs, la descente nous a aussi permis de nous rendre compte de ce que nous avions grimpé la veille en pleine nuit. Tiens, nous n’avions pas idée que c’était aussi pentu par ici, ohhh et nous n’avions pas vu ces jolis arbres ici !…

Nous avons rejoins notre voiture en 3 heures. C’est heureux, mais morts de fatigue, que nous sommes ensuite rentrés à Saint-Denis.

En bref : nous avons adoré cette randonnée mythique et ce petit bivouac. Au total, nous aurons mis 4h à monter, et 3h à descendre. A faire sans aucun doute. Si nous pouvons émettre un petit hic, le lever de soleil n’est pas aussi impressionnant que ce qu’on peut entendre…

Le volcan du Piton de la Fournaise en éruption

Je ne sais pas si nous avons une bonne étoile, mais jusque-là nous pouvons nous estimer particulièrement chanceux pour tous les paysages que nous avons pu admirer dans notre courte existence. Contempler une coulée de lave lors d’une éruption volcanique était une chose que nous n’espérions même pas. Même en passant 4 mois sur l’île de la Réunion, nous n’avions pas imaginé une seule seconde que le volcan pourrait entrer en éruption à ce moment-là (surtout après l’avoir été déjà 4 fois cette année !). Et bien… MERCI aux heureux hasards de la vie, nous pouvons maintenant rayer la mention « voir un volcan en éruption » sur notre liste de choses à voir avant de mourir.

Quand l’expression « avoir chaud aux fesses » prend tout son sens…

Ce vendredi 25 octobre 2019 à 14h40, le Piton de la Fournaise, volcan de l’île de la Réunion culminant à 2632m d’altitude est entré pour le 5ème fois de l’année en éruption. Il s’agit de l’un des volcans les plus actifs et les plus surveillés de la planète. Il constitue 40% de l’ile de la Réunion dans sa partie Sud-Est. Lorsque j’ai appris cette soudaine éruption en rentrant du travail, j’avoue avoir tout de suite tanné Thibault pour que nous nous y rendions. Imaginer pouvoir admirer un tel spectacle me mettait dans un tel état d’excitation que je ne voulais pas attendre plus longtemps pour ça ! Sa journée ayant été longue et laborieuse, il a négocié pour repousser cette sortie au volcan au lendemain. Sur les conseils d’une amie vivant à La Réunion depuis plusieurs années, il faudrait nous rendre au volcan au lever ou au coucher du soleil, de manière à pouvoir l’admirer de jour ET de nuit. Nous avons opté pour nous y rendre le samedi en fin de journée. Le Volcan étant à environ 1h30 de route de Saint-Denis, en longeant la route littoral Est (la RN2) nous sommes arrivés sur les lieux vers 17h15, soit un peu plus d’une journée après le début de l’éruption. A en voir à quelle distance nous avons dû nous garer du volcan, nous n’étions visiblement pas les seuls à vouloir en prendre plein les yeux…

Des barrages et des policiers se situaient juste en amont du Grand Brûlé. Nous avons donc du nous garer et finir la route à pieds (les autorités laissant à ce moment-là les piétons accéder au volcan) jusqu’au bas des Grandes Pentes. Nous avons marché 2km sur la route.
Lorsque nous sommes arrivés en bas des Grandes Pentes, là ou commence la randonnée vers le cratère Dolomieu, nous avons saisi l’ampleur de la situation. Des centaines de badauds se trouvaient là, sur le bas des pentes du volcan, à regarder la nouvelle coulée de lave descendre petit à petit. Le spectacle était déjà très impressionnant, nous n’avions jamais vu du magma de si près ! L’odeur et la chaleur sont exactement ce qu’on peut imaginer en se trouvant proche de la lave…

En regardant un peu plus haut, notre attention a d’emblée été attirée par le coeur de cette nouvelle éruption : le cratère, là, tout là haut, d’où nous pouvions voir jaillir la lave et descendre la nouvelle coulée de lave. Magnifique. Comme hypnotisés, nous ne pouvions nous arrêtés là, il fallait que nous montions voir ça de plus près !
Nous avons donc emprunté les anciennes coulées de lave (aïe, ça fait mal aux pieds) pour montrer jusqu’au coeur de l’action. La montée n’a même pas été difficile, tant nous pensions tout le long au spectacle que nous trouverions à l’arrivée. Par contre, nous étions complètement trempés de chaud !

La nouvelle coulée de lave est reconnaissable par sa couleur plus foncée, pratique pour ne pas se tromper de chemin et ne pas se brûler !

Au plus le jour baissait, au plus nous étions impressionnés par cette lave en fusion, là-haut, juste devant nous ! Nous avons monté environ 2,5km sur les anciennes coulées de lave pour enfin arriver juste en dessous de la nouvelle coulée.

Pas peu fiers en arrivant devant notre première coulée de lave…

Je ne saurais vous décrire cette sensation que d’être face à un spectacle unique, que peu de gens peuvent avoir la chance d’observer une fois dans leur vie. Cette sensation de rareté, mélangée à l’excitation, à la stupeur, à l’émerveillement. Face à la coulée de lave, nous nous sommes assis quelques instants, avec les courageux qui étaient montés peu avant nous, tous dans le silence, à en prendre plein les yeux et admirer quelque chose qui nous dépasse : le spectacle de la nature.

Revenant à la réalité après la contemplation (dans la chaleur !) de cette scène incroyable, nous avons enfilé nos lampes frontales et amorcé la descente du volcan. Le départ était plus pointu puisque nous étions sur la crête d’un ancien cratère, sans véritable chemin tracé. Dans la nuit et les petits cailloux, nous sommes donc descendus trèèès lentement. Nous n’avions bien sûr pas oublié de nous retourner de temps en temps pour admirer encore ce spectacle grandiose !