La Canalisation des Orangers et la Rivière des Galets

Il y a deux semaines, nous avons décidé de partir en trail sur un sentier incontournable de l’île de la Réunion : la canalisation des Orangers. Il est très connu des habitants et fait le bonheur des touristes pour deux raisons : il permet d’entrer dans le cirque de Mafate et offre de magnifiques points de vue sur toute sa longueur, mais en plus de ça, c’est l’un des rares (très rare…) chemin de l’île quasiment PLAT. Non, vous ne rêvez pas ! Il est encore possible à La Réunion de trouver un chemin sans trop de dénivelé, et celui-ci est l’un des plus beaux. C’est ce dernier argument qui, un week-end où nous étions un peu fatigués des grosses randonnées bien ardues, nous a convaincu d’aller y faire un « petit » tour, de 20km. L’avantage de la canalisation des Orangers, c’est en effet son accessibilité, pour les marcheurs de tout niveau, permettant de pénétrer, sans trop d’efforts, dans le cirque de Mafate, avec des panoramas grandioses tout du long.

Une petite pause s’impose pour admirer le paysage

En voiture, il faut se rendre à Sans Souci, dans les hauteurs de la ville de Saint-Paul, pour commencer la randonnée. Il suffit de trouver (difficilement d’ailleurs, le week-end, la randonnée est très empruntée) une place pour se garer en bord de route après l’arrêt de bus de la « Citerne Rouge » puis repérer cette fameuse citerne. La randonnée commence ici, sur un petit sentier qui part sur la gauche. Bon, stoppons de suite les illusions, arrêtons de nous leurrer, bien sûr que non, un sentier TOTALEMENT PLAT à La Réunion n’existe pas, il faut toujours fournir quelques efforts ! Ici, avant d’atteindre le sentier plat de la canalisation, il faut tout de même monter, sur une courte durée. Sur cette partie qui monte, il est possible de suivre la large piste, ou de prendre quelques raccourcis, plus étroits et plus abruptes, marqués par des points jaune. Ils évitent de longues portions de piste mais restent réservés aux marcheurs habitués, car ils sont très raides dès le départ et ne permettent pas de se reposer. Avant de rejoindre le sentier plat, il faut monter sur environ 2km. Sur ce début de parcours, en se retournant, un beau panorama sur Saint-Paul, Le Port, et l’océan en contrebas nous est offert.

Après ces premiers efforts, nous arrivons sur le chemin de la Canalisation des Orangers, assez large, pratiquement plat, et peu abrité du soleil. Il se trouve à flanc de rempart et domine la rivière de Galets, en contrebas.

Le chemin s’engouffre petit à petit dans le cirque de Mafate et offre des vues incroyables, qui donnent envie de s’arrêter à chaque minute pour les photographier. Difficile donc de faire un trail en maintenant son rythme ! Nous avons parcouru une vingtaime de kilomètres sur le chemin en courant, tout en appréciant la vue.

Nous avons fait demi tour après environ 1h30 de course pour retourner à la voiture. 21 km au total, sous un soleil de plomb, mais qui sont au final passés très rapidement grâce au nombreux points de vue agrémentant notre trajet.

Sur notre parcours, nous avons pu nous rafraichir deux fois : une fois grâce à la très fine cascade de l’ilet Flamand, coulant sur la paroi du rempart, et une seconde fois vers le dixième kilomètre, à l’aide d’un petit filet d’eau installé ici. Pour tout vous dire, ces deux points d’eau m’ont été d’une grande aide au retour… En courant, j’ai glissé sur la petite caillasse au 11ème kilomètre, ce qui m’a valu de m’ouvrir les genoux, les mains, et le coude. La poussière, la chaleur et le sang me cuisant, les filets d’eau m’ont permis de nettoyer les plaies et de me rafraichir. Mais le trajet retour n’a pas été de tout repos ! Heureusement que le sentier est plat…. Attention donc de bien se tenir contre la paroi, que ce soit en courant ou en marchant sur ce sentier, car le précipice est proche et il n’y a aucune sécurité. La chute serait fatale.

On peut suivre le tracé du chemin, sur la montagne à gauche

Attention aux chutes !

En plus d’offrir une vue sur les différentes ondulations montagneuses et les reliefs incroyables de cette île, cette randonnée permet aussi de contempler quelques îlets, ces petits hameaux créoles composés de quelques habitations seulement. Ils sont ravitaillés par hélicoptère.

Les différents points de vue sur la Rivières des Galets en contrebas nous ont donné l’envie d’aller la voir de plus près. C’est donc lors d’une autre excursion, ce week-end, que nous avons décidé de partir en bivouac dans cette zone. Nous nous sommes garés, peu avant 16h30, après La Poste de La Possession, sur un large parking au début du sentier longeant la rivières des Galets. Nous nous sommes inspirés de cette randonnée pour notre sortie, et l’avons modifié un peu.

Le début de la randonnée

La randonnée n’est pas difficile en terme de dénivelé : elle se déroule quasiment tout du long à plat, puisqu’il s’agit de longer la Rivières de Galets, pour s’introduire dans le cirque de Mafate. Cet itinéraire par la rivière est souvent emprunté par les marcheurs pour s’échauffer les muscles avant d’entamer les ascensions, au sein du cirque, vers les différents îlets (les petits villages perchés dans les montagnes). La difficulté de la randonnée réside essentiellement dans sa longueur (26km pour notre part), sur une piste caillouteuse et poussiéreuse, qui demande, environ tous les 2 km, de déchausser pour pouvoir traverser la rivière.

Un bonheur de remettre ses chaussettes sur pieds mouillés n’est-ce pas ?

Cela prend donc beaucoup de temps et beaucoup d’énergie, mais peut aussi faire un peu mal aux pieds, à force… Sur certaines traversées, des gros cailloux permettent de sauter de l’un à l’autre sans avoir besoin de se mouiller les pieds, mais cela reste très rare.

Avec un gros sac de trek dans le dos, il est facile de perdre l’équilibre, et si l’on ne veut pas finir à l’eau, il est préférable de se mouiller les pieds (parfois jusqu’aux genoux) et traverser la rivière directement. Avec Thibault, nous avions prévu le coup et pris avec nous nos chaussures d’eau, afin d’éviter de glisser sur les rochers vaseux au fond de la rivière, en la traversant.

Toutefois, il est aussi possible de ne pas se prendre la tête et de fournir moins d’efforts, en parcourant les premiers 8km de ce chemin avec un chauffeur, en 4×4. Cela permet d’éviter toutes les traversées de rivière et ce long chemin à parcourir sous un soleil de plomb puisqu’il n’y a pas d’ombre. Les chauffeurs de 4×4 proposent de prendre les personnes, moyennant une somme d’argent, au début de la randonnée, et les emmènent à l’entrée du cirque de Mafate.

Vous commencez à nous connaître, la simplicité, on n’aime pas trop ça; l’effort, il n’y a que ça de vrai ! Nous voulions mériter notre bivouac, et avons donc choisi de parcourir la totalité du trajet à pieds. En plus, cela nous a aussi permis de profiter des couleurs du ciel avec le soleil se couchant… Magnifique !

Après 10km parcouru et juste avant la nuit, nous avons trouvé l’endroit parfois pour notre bivouac : une petite plage de sable noir, accessible uniquement en crapahutant sur les rochers. Pas de risques d’être dérangés par d’autres marcheurs ! Nous étions même à l’abri des regards.


Après avoir installé notre tente et notre campement, nous nous sommes autorisés un petit bain rafraichissant dans la rivière, à la lumière de nos lampes frontales. Le petit plus que nous avons pu tester pour la première fois ici, c’est notre filtre à eau/purificateur d’eau. Nous avions investi il y a quelques temps d’un une pompe permettant de filtrer et purifier l’eau, afin d’avoir de l’eau potable en toutes circonstances. Dans un lieu comme l’île de La Réunion, où il fait très chaud, c’est indispensable. La pompe, en mettant le tuyau dans la rivière et l’embout d’arrivée dans nos gourdes, nous a permis de récolter de l’eau propre. Si vous voulez plus de renseignements sur le fonctionnement de notre purificateur d’eau, il s’agit de celui-ci.

Plus tard, nous nous sommes endormis sous la tente bercés par le bruit de l’eau et… des crapauds !

Au petit matin, c’est les discussions de randonneurs passant sur le chemin au loin qui nous ont réveillé vers 6h30. Nous avons très vite remarqué que le chemin était très très emprunté durant la journée, par des dizaines de groupes s’étant fait déposer par les 4×4. Après avoir replié notre campement, nous avons continué notre randonnée 3 kilomètres plus loin, jusqu’au barrage, qui est sans intérêt aucun.

La chaleur devenant très forte au fil de la matinée, nous avons alors rebroussé chemin, et il nous a fallu pas moins de 4h30 pour retourner à notre voiture et effectuer les 16 kilomètres qui nous en séparait. Il faisait alors 39 degrés et nous avons perdu beaucoup de temps sur les multiples traversées de rivière, nous faisant nous déchausser à chaque fois, enfiler nos chaussures d’eau, et ainsi de suite…

Nous sommes toutefois très contents d’avoir découvert ce joli spot de bivouac, où nous pourrons sans aucun doute emmener nos amis les moins sportifs pour passer un beau moment dans la nature et se baigner !

L’îlet à Guillaume

La première chose que nous avons trouvé une fois installés à La Réunion c’est CE site incroyable. Il réunit TOUT ce que nous avons toujours recherché à travers la préparation de nos précédents itinéraires. C’est la bible des randonnées qu’il est possible de faire sur toute l’île de La Réunion. Pour ne rien gâcher, elles sont classées par zone, par niveau de difficulté, mais aussi par points d’intérêts. Nous y avons donc déjà passé des heures et des heures afin de programmer nos week-end sportifs (ou moins sportifs au bord des cascades).

Fraichement installés à St-Denis, dans la partie nord de l’île de la Réunion, c’est donc tout naturellement que nous avons choisi une première randonnée dans cette zone. Bon ok, on avoue, le fait de ne pas encore avoir de voiture pour se déplacer sur l’île a aussi beaucoup orienté notre choix. Nous n’avions pas vraiment les moyens matériel de nous rendre dans le sud de l’île très facilement… Mais pas de problèmes, puisque pour réaliser la randonnée de « L’îlet à Guillaume », un ticket de bus suffit et c’est parti ! Nous avons pris, tôt le samedi matin, notre bus à l’arrêt « Jardin de l’état » dans le centre-ville de St Denis. Celui-ci est direct et rejoint, en 40 min, le point de départ de la randonnée de L’îlet à Guillaume. Il faut s’arrêter à « La Croix » juste à la sortie de La Montagne, le hameau qui se trouve au-dessus de Saint-Denis. Le départ de la randonnée se trouve en contrebas sur la route, à à peine 300 mètres de l’arrêt de bus.  
Premier constat : depuis le centre-ville de St-Denis jusqu’au départ de rando, le bus ne fait que monter, monter, et encore monter. Ah oui, je ne vous ai pas encore parlé du dénivelé à La Réunion ? Ça change du Québec !  Avis aux piètres marcheurs, la plupart des randonnées sont vite difficiles à cause du fort dénivelé. Il faut donc bien échauffer ses petits cuissots.
Nous, comme nous n’aimons pas trop la facilité, nous avons aussi choisi la randonnée de l’îlet à Guillaume pour son dénivelé positif assez… « intéressant » si je puis dire, pour les sportifs (1200m environ selon le tracé GPS de Garmin) ! Le site randopitons annonce 5h15 de marche pour 16,3 km. Le nom exact de la randonnée est « L’îlet à Guillaume par la boucle de la route forestière plaine d’Affouches« .

Notre marche commence précisément au sentier venant du Colorado (proche de l’arrêt de bus « La Croix » comme je vous l’ai signalé). Pas de détente possible : ça monte direct ! Petite surprise en ce samedi matin, ce début de sentier, dans la pénombre du sous bois, est très humide, la terre est donc très glissante. C’est fou, on quitte le Canada, mais on se croirait même ici sur une patinoire en plein hiver ! La terre sur l’île de la Réunion ressemble beaucoup à de la glaise, aussitôt mouillée c’est cascade assurée ! Bref, nous avons du, dès le début, être assez vigilants. Cela a aussi un peu ralenti notre foulée. Une fois cette première montée de 20 min franchie, nous arrivons à un croisement. A droite, on peut rejoindre la route forestière de la plaine d’Affouches, à gauche, on descend directement sur l’îlet à Guillaume avant de remonter sur la route forestière. C’est ce que nous avons choisi. Dès le tout début de la descente, les points de vue sont déjà sensationnels :

Les premiers points de vue en descendant à l’îlet à Guillaume
Les premiers points de vue en descendant à l’îlet à Guillaume

De ce point, nous descendons pendant plusieurs kilomètres jusqu’à la (toute) petite cascade du Bras Guillaume. Le chemin devient ici plus technique car il faut traverser la rivière et enjamber des rochers très mouillés et glissants, attention aux chutes !

La tranquillité avant de traverser des chemins plus techniques
J’ai chaud et je remarque alors les petites échelles en fer qui aide à la remontée abrupte…

Après cette traversée, le sentier ne fait que monter (d’abord avec des échelles), jusqu’à l’arrivée à « L’îlet à Guillaume ». A cet endroit se situe une vieille (et glauque, on ne va pas se mentir) bâtisse, qui abritait dans les années 1850 un pénitencier pour enfant. Le lieu est donc chargé d’histoire… Ambiance, ambiance ! Un peu plus loin, on trouve même un cimetière pour enfants (ceux du pénitencier, vous me suivez ?), toujours très bien entretenu.

Après cet arrêt culturel, dont la randonnée porte le nom, il s’agit dorénavant de remonter pour pouvoir rejoindre la route forestière. Un long effort s’amorce alors…
Il faut d’abord prendre plusieurs échelles car… comment dire… le sentier est raide, TRÈS raide.

S’en suit une longue montée sur la crête, difficile, surtout avec la chaleur humide ambiante, mais magnifique !

Fort heureusement, il est de nouveau possible de respirer après quelques kilomètres de montée, une fois rejointe la route forestière de la plaine d’Affouches. De là, il n’y a plus qu’à la suivre pour redescendre, dans un paysage parfois irréel de jungle verdoyante… et humide !

Il est possible d’avoir, durant ces quelques kilomètres, une magnifique vue sur les montagnes, la mer au loin, Saint-Denis et Le Port, les villes en contrebas. Nous avons eu plus ou moins de chance de ce côté là…

La redescente depuis la route forestière est très agréable car le chemin est large, et offre des vues très sympa si le ciel est dégagé :

En bref : rando sympa pour le côté sportif et les quelques vues possibles, mais ce n’est pas un coup de coeur pour nous !