Parmi les randonnées incontournables que nous voulions effectuer à la Réunion, le Dimitile figurait en tête de liste. Il est en effet très connu pour avoir abrité des esclaves, venus se cacher dans ses sommets, au début des années 1800. Le « Camp Marron » (marronnage étant le nom donné à la fuite d’un esclave hors de la propriété de son maitre, et le nom « marron » se rapportant au fugitif lui-même) a été érigé au sommet du Dimitile, à quelques centaines de mètres de la table d’orientation, en commémoration de cette époque.
Plusieurs chemins mènent au Dimitile. Nous avons choisi d’emprunter l’itinéraire dit intermédiaire (pas le plus facile, ni le plus difficile-, le sentier Zèbre. Il est possible, lorsqu’on prend cet itinéraire, d’utiliser une alternative pour la redescente et de bifurquer sur le sentier Jument, qui permet alors d’effectuer une boucle mais rajoute 2km. Notre idée première était de faire l’aller-retour sur le sentier zèbre…
Les différents guides que nous avons consulté pour cette randonnée n’étaient pas d’accord sur le kilométrage et la durée. L’un proposait 7,5km et 3h pour la montée, avec une randonnée totale de 16km, tandis que l’autre donnait 19km et 7h de marche. Bon…. Nous sommes donc partis sans idée très tranchée sur la question. Nous avons commencé notre ascension du Dimitile à 7h le matin, afin de pouvoir arriver en haut avant que ce ne soit couvert par les nuages, comme c’est souvent le cas à La Réunion dans les sommets à partir du milieu de matinée. La montée étant difficile, nous méritions VRAIMENT d’avoir une vue une fois en haut !
Le départ de randonnée, quel que soit le sentier que vous choisissez, se situe à Entre-Deux, un village créole typique qui se situe en avant des remparts du cirque de Cilaos. Une fois entré dans le village, il suffit simplement de suivre les panneaux indiquant « Le Dimitile » puis « Par le sentier Zèbre » afin de trouver le départ de randonnée. La première portion de randonnée emprunte une route bétonnée du village, mais pour très peu de temps. La montée ? Elle commence DIRECT !

Je ne vais pas passer par 4 chemins : pendant 3h à 4h, suivant votre rythme, il faut monter, monter, et toujours monter. Le chemin par le sentier Zèbre est difficile. Il est étroit, parfois sur des crêtes, parfois à flanc de falaise, humide, et très glissant. Sur certaines portions, des marches en bois ont été aménagées afin d’éviter de trop glisser. Il faut parfois traverser une épaisse végétation, mais remercions là, car elle vient aussi amortir les chutes, s’il y a, et pourrait éviter de tomber à pic…


Nous n’avons pas pris de réel plaisir durant cette ascension, que nous avions hâte de terminer. Seule la toute première partie, après 1km, donne une vue incroyable sur les montagnes à notre gauche, et la ville d’Entre-Deux, derrière-nous.



Sur la suite du sentier, un ou deux belvédères sont aménagés mais, à notre passage en tout début de matinée, le brouillard nous avait déjà envahi, gâchant quelque peu le plaisir.

Parlons-en de ce brouillard ! Montant depuis plus de 2h30 et ne trouvant plus de point de vue dégagé, nous commencions à désespérer de trouver une belle vue au sommet… Cela ne nous a pas forcément aidé psychologiquement dans cette rude montée mais… Nous y sommes finalement parvenus ! En arrivant au sommet de la montagne, que vous reconnaitrez aisément car l’on s’arrête enfin de monter, plusieurs chemins se croisent. En venant du sentier Zèbre, il faut emprunter, sur la gauche, le chemin Bayonne qui, en une cinquantaine de marches, nous amène au sommet du Dimitile (reconnaissable par l’antenne), avec sa table d’orientation. Après 3h30 de montée non-stop et 9,5 kilomètres (on est loin des indications données dans les guides n’est-ce pas !), nous en avons enfin vu le bout. Il était alors 10h30, et les nuages commençaient tout juste à cacher les sommets. Fort heureusement, nous avons pu avoir une vue encore dégagée sur le cirque de Cilaos, belle récompense !


Nous avions pris la décision, lors de la dernière partie de la montée, de ne pas redescendre par le Sentier Zèbre. Nous avons en effet estimé que certaines portions, en descente, seraient extrêmement dangereuses car le chemin était alors très glissant et boueux. Aventureux mais pas bêtes… Nous avions relevé sur Google Maps qu’une route menait au sommet, jusqu’au Camp Marron, et espérions secrètement qu’un bus irait jusque-là…mais… noooon ! Trop facile ! En fait, il ne s’agit pas d’une véritable route mais d’un chemin plus large, en terre, boueux et salissant, ou les pick-up, les motos et les quad peuvent passer (nous en avons croisé plusieurs groupes qui prenaient du bon temps dans la boue).
Après une pause sur l’une des tables de pique-nique du Camp Marron (alors sous les nuages et sous la pluie), nous avons pris la décision de suivre cette route, redescendant vers Entre-Deux. Un petit coup de GPS nous a indiqué qu’il nous faudrait alors compter 16km pour rejoindre le village… Dur… Notre aller-retour ne devant à la base faire que 16km si l’on se fiait au guide, se transformait finalement en une boucle de 26km… Pas le choix, quand faut y aller, faut y aller.

Nous avons pris notre mal en patience (et nos pieds également) et avons commencé à redescendre cette portion. Très vite, nous avons remarqué que le sentier Bœuf-La Chapelle, le plus facile pour se rendre au Dimitile puisqu’il part d’un parking 4km plus bas que le sommet, nous permettait de prendre des raccourcis. Nous l’avons emprunté au départ, jusqu’à nous rendre compte qu’il s’agissait également d’une véritable patinoire, bien que, contrairement au sentier Zèbre, les chutes étaient moins risquées car pas de précipice direct de chaque côté du chemin.
Nous avons préféré retourner sur la large route boueuse, quitte à faire quelques kilomètres de plus. En un peu plus de 6km, nous avons rejoint le parking du Dimitile.

Physiquement, la redescente était très pénible. Peu après le parking, et après plus de 20 kilomètres de marche, la lâcheté nous a rattrapé… Oui, j’avoue… Nous avons fait du stop !!!! La redescente sur cette route bétonnée était très longue et sans intérêt, nous avons préféré abréger nos souffrance. Un groupe de randonneur qui redescendait du parking du Dimitile en voiture a eu la gentillesse de nous prendre pour nous déposer au village d’Entre-Deux, où nous avions garé notre voiture. Ils nous ont quand même épargné 6km de marche de plus…
Finalement, cette randonnée, bien que difficile, vaut clairement la peine. Le sommet donne une vue incroyable. Toutefois, nous conseillerions d’éviter de la faire par temps humide ou pluvieux, les chemins sont vite glissants et dangereux.