Jour 1. Direction Tadoussac

La veille au soir (J-1) nous avons décidé de quitter notre chez nous, à Trois-Rivières, et de partir un peu plus tôt. Après avoir réalisé que notre première journée de voyage impliquait 15h de route, nous avons préféré la couper, en montant déjà à 4h au nord, à Tadoussac. Nous y arrivons à 21h. L’installation est rapide et efficace, notre van à parfaitement bien été aménagé par Thibault, chaque chose a été pensée intelligemment et il est facile de nous y retrouver dans nos affaires. Nous passons la nuit sur une falaise donnant une vue plongeante sur l’estuaire du Saint Laurent. Au jour 1 du périple, le réveil sonne à 5h du matin, une longue journée nous attend sur la route qui monte au Labrador. Nous aimerions dépasser Labrador City dès ce soir. Nous savons que le Labrador est unique de par ses paysages, mais les routes sont parfois peu praticables et les attraits touristiques, en dehors de la nature, finalement peu nombreux. Nous préférons faire un maximum de route le plus vite possible afin d’atteindre l’île de Terre Neuve au plus vite (car le programme y sera chargé !).

Peu après la sortie de Tadoussac, aux Escoumins, nous faisons le plein d’essence, car c’est la dernière station peu chère avant de monter dans le nord. Et pas question de tomber en panne sur ces routes isolées ! Un dernier arrêt par la suite à Baie Comeau, la dernière grosse ville du Québec que nous verrons, pour acheter des jumelles au Canadian Tire, et nous voilà partis sur la route 389 qui mène au Labrador. Les jumelles seront (peut-être) utiles pour observer les icebergs à la dérive sur la côte de Terre Neuve, ainsi que les baleines qui semblent être nombreuses dans le coin (on y croit très fort).

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Voici un petit aperçu de notre traversé « du désert » pour monter jusqu’à Labrador City (le point bleu, c’est nous !)

Nos premières impressions de la route 389 sont déjà incroyables. Sapins, forêts, et lacs. Une seule route au milieu de tout ça. La pluie ajoute un charme pittoresque à ce décor. Vous vouliez du Canada ? En voilà !La route est bonne, asphaltée et sans nid de poule, mais les nombreux lacs obligent à une route en zigzag, avec de nombreuses montées et descentes. Nous n’allons pas très vite, d’autant plus qu’il pleut.Cette image, c’est quand Thibault m’a demandé « On tourne quand ? » « Euuh.. On a le temps, on a le temps » :

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Après plus de 5h de route, je reprends Thibault, qui a bien mérité une petite sieste, au volant. Pas de chance, après quelques kilomètres, la route devient une piste. Avec la pluie, les montées et descentes, et la piste sableuse, ça glisse et je ne suis pas rassurée. Comme une petite chochotte, je préfère laisser Thibault reprendre la conduite. Nous sommes un peu abasourdis, nous n’avions lu nul part que la route se transformait déjà en piste avant Labrador City ! Nous sommes stressés que cela nous retarde beaucoup sur notre trajet, car notre vitesse maximale est de 50km/h.

Mais qu’est ce que j’ai bien fait de lui donner le volant !! Après quelques minutes à peine, un panneau indique « route très sinueuse sur 15km ». En effet…. nous évitons un dérapage d’urgence. Pas une fois mais deux, trois, quatre glissades rattrapées de justesse… bon, nous allons ralentir un peu dans les virages.

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Au final, plus de 100km de piste inattendue, gorgée d’eau et donc très glissante par endroit. Il nous faudra un peu plus de 2 heures pour rejoindre Relais-Gabriel où nous ferons un nouveau plein d’essence. Ici, une pause déjeuner ainsi qu’une petite sieste s’impose. Le réveil et la route depuis 5h du matin commence à se faire sentir à 13h45.

Les kilomètres s’enchainent et les paysages nous impressionnent tant la nature ici est brute. Nous apercevons de nombreux hommes travailler sous la pluie battante, à la réfection des routes. Ils semblent habiter dans des caravanes en pleine nature le temps de terminer leurs contrats dans la construction.

Quel soulagement de retrouver une route avec de l’asphalte ! C’est une joie que nous pensions inexistante, se dire « oh ouuuuuui enfin une route !!!!! », vraiment ?! Nous en profitons pour avaler les kilomètres et avancer rapidement jusqu’à Labrador City.

Petite surprise après 100km… au niveau du site de la mine de Fire Lake, de nouveau la route devient une piste… et toujours sous la pluie !

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Nous sommes surpris de voir à quelle vitesse roulent les camions et les pickup que nous croisons. Leur chargement très lourd les rend sans doute beaucoup plus stable que nous mais il faut dire aussi… qu’ils n’ont pas le temps de niaiser ! De vrais « bush man » que nous ne sommes pas… (encore).

Le paysage a cette fois ci quelque peu changé, nous passons d’une forêt dense à un paysage recouvert de petit sapin, peu haut, qui nous laissent entrevoir facilement si des animaux s’y cachent. Je guette l’orignal…. nous avons l’impression de rouler « dans » les lacs tellement la piste passe proche des centaines de petits lacs que nous croisons au fil de la route. C’est impressionnant !

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Labrador City, tout comme Churchill Falls, les deux villes où nous nous sommes arrêtés faire le plein d’essence (et d’ailleurs les SEULES villes avant Happy Valley Goose Bay qui se trouve à 500km de Labrador City), ont l’air de villes hivernales. L’architecture est typique des villes du nord du Canada, où vivent les Inuits. Les magasins et tous les autres bâtiments en général se trouvent dans des entrepôts, avec très peu d’ouvertures. Tout est fait pour survivre à un hiver long et vigoureux. Bon, il y a quand même un Tim Hortons hein, faut pas pousser.

Alors que nous devions passer notre seconde nuit à Labrador City (qui est déjà à plus de 800km de Tadoussac, d’où nous sommes partis ce matin), nous décidons de tirer jusqu’à Happy Valley Goose bay, la dernière ville étape avant la fameuse « gravel road », la route 510 qui nous mènera à Blanc Sablon. Pourquoi se rajouter 300km en plus en début de nuit ? Simplement parce que nous avons réalisé que la route 510 prévue le lendemain risquait fort d’être longue (620km en fait) et difficile (avec 400km de piste). Nous préférons avancer au maximum ce soir afin de pouvoir se trouver demain soir à Blanc Sablon et prendre le premier ferry le sur-lendemain pour Terre Neuve.

Notre plan d’avaler un maximum de kilomètres sur les deux premiers jours de notre périple est en marche. Le but pour nous n’est pas de visiter le Labrador (qui est, soit dit en passant, très attrayant par les paysages uniques que nous voyons lors de notre traversée en voiture, mais sans rien de plus….) mais bien de passer le plus gros de nos vacances à Terre-Neuve, où nous avons prévu de nombreuses activités.

Finalement, nous arrivons vers 1h du matin à Happy Valley. Thibault a conduit comme un chef, pendant que je piquais du nez à côté. Un tour rapide dans la ville nous fait comprendre que nous ne pourrons remettre de l’essence qu’à 7h le lendemain, heure d’ouverture de la station. Nous chercherons donc un endroit où installer le van pour la nuit. Ce sera au bord d’un lac, dans une petite allée à la sortie de la ville.


En route pour le Newfoundland

C’est depuis mon plus jeune âge, après avoir compris que l’on pouvait y observer les icebergs redescendant la côte depuis le Groenland, que je rêvais des terres du Newfoundland (Terre-Neuve, en français). Habitant au Canada, c’est donc naturellement que je me suis mise en quête de convaincre mon amoureux de nous y rendre. Vivre ici et ne pas visiter le coin le plus à l’est du pays ?! Hors de question ! Après avoir essuyé quelques premiers refus de sa part (argument premier : « C’est beaucoup trop loin ! ») j’ai fini par le convaincre à organiser un fabuleux road trip dans cette contrée sauvage.

Émerveillés, émus, époustouflés par les paysages incroyables que nous avons croisé sur notre route, par cette nature sauvage, brute, parfois inexplorée, c’est avec bonheur que nous vous partageons notre parcours. Peut-être aurez vous l’envie vous aussi d’y faire un tour ?

Voici le tracé exact de notre parcours total :

Pour se rendre à Terre-Neuve depuis le Québec, il est possible de faire l’aller-retour par le même itinéraire, à savoir, passer par la Nouvelle-Écosse, en prenant le ferry à North Sydney. Néanmoins, ce trajet en ferry est très long et plutôt cher (comptez pour la traversée environ 600$ pour deux personnes avec une voiture). Nous avons donc choisi de ne le prendre qu’à notre retour, et de nous rentre à Terre-Neuve en passant par le Labrador. En choisissant cette option, il faut donc prendre un ferry (moins cher et plus court que celui de la Nouvelle-Écosse) à Blanc-Sablon, dernière ville du Québec avant le Labrador et la côte Est du Canada.

Si vous regardez bien la carte ci-dessus, le problème qui se présente, c’est qu’il n’y a pas de route menant jusqu’à Blanc-Sablon, en longeant la côte québécoise ! Comme nous ne possédons pas d’avion ni même d’hydravion (petits joueurs !), se rendre à Blanc Sablon  implique donc un gros détour. En fait, il s’agit de monter tout au nord, dans la région du Labrador, avant de redescendre sur Blanc-Sablon pour y prendre le ferry pour Terre-Neuve. En image, depuis chez nous au Québec, ça donne ça :

Avant de nous lancer dans l’aventure et dans les considérations de trajets, nous avons été forcés de constater que, dans cette contrée sauvage, le camping allait être bien difficile (qui a envie de se réveiller avec un ours dans sa tente ? Qui veut se geler les fesses toute la nuit ? Qui aimerait chercher pendant des heures une mini place entre deux lacs pour monter sa tente puis finalement la démonter la lendemain et recommencer le même tralala ? Pas moi). Les hôtels ou Airbnb sont également peu nombreux à Terre-Neuve, et de ce fait bien souvent trop chers pour un tel périple. L’idée du van s’est donc imposée à nous. Nous voulions en avoir un depuis très longtemps, pour faire d’autres voyages, c’était l’occasion de l’acquérir dès maintenant ! Aussitôt dit, aussitôt fait, mon cher et tendre, Thibault, a fait l’acquisition d’un Dodge Caravan déjà aménagé en van (avec un vrai matelas, oui oui, 100% confort) :

Fin prêts, équipés, avec un bon planning chargé, nous avons pris la route du Newfoundland.