La Canalisation des Orangers et la Rivière des Galets

Il y a deux semaines, nous avons décidé de partir en trail sur un sentier incontournable de l’île de la Réunion : la canalisation des Orangers. Il est très connu des habitants et fait le bonheur des touristes pour deux raisons : il permet d’entrer dans le cirque de Mafate et offre de magnifiques points de vue sur toute sa longueur, mais en plus de ça, c’est l’un des rares (très rare…) chemin de l’île quasiment PLAT. Non, vous ne rêvez pas ! Il est encore possible à La Réunion de trouver un chemin sans trop de dénivelé, et celui-ci est l’un des plus beaux. C’est ce dernier argument qui, un week-end où nous étions un peu fatigués des grosses randonnées bien ardues, nous a convaincu d’aller y faire un « petit » tour, de 20km. L’avantage de la canalisation des Orangers, c’est en effet son accessibilité, pour les marcheurs de tout niveau, permettant de pénétrer, sans trop d’efforts, dans le cirque de Mafate, avec des panoramas grandioses tout du long.

Une petite pause s’impose pour admirer le paysage

En voiture, il faut se rendre à Sans Souci, dans les hauteurs de la ville de Saint-Paul, pour commencer la randonnée. Il suffit de trouver (difficilement d’ailleurs, le week-end, la randonnée est très empruntée) une place pour se garer en bord de route après l’arrêt de bus de la « Citerne Rouge » puis repérer cette fameuse citerne. La randonnée commence ici, sur un petit sentier qui part sur la gauche. Bon, stoppons de suite les illusions, arrêtons de nous leurrer, bien sûr que non, un sentier TOTALEMENT PLAT à La Réunion n’existe pas, il faut toujours fournir quelques efforts ! Ici, avant d’atteindre le sentier plat de la canalisation, il faut tout de même monter, sur une courte durée. Sur cette partie qui monte, il est possible de suivre la large piste, ou de prendre quelques raccourcis, plus étroits et plus abruptes, marqués par des points jaune. Ils évitent de longues portions de piste mais restent réservés aux marcheurs habitués, car ils sont très raides dès le départ et ne permettent pas de se reposer. Avant de rejoindre le sentier plat, il faut monter sur environ 2km. Sur ce début de parcours, en se retournant, un beau panorama sur Saint-Paul, Le Port, et l’océan en contrebas nous est offert.

Après ces premiers efforts, nous arrivons sur le chemin de la Canalisation des Orangers, assez large, pratiquement plat, et peu abrité du soleil. Il se trouve à flanc de rempart et domine la rivière de Galets, en contrebas.

Le chemin s’engouffre petit à petit dans le cirque de Mafate et offre des vues incroyables, qui donnent envie de s’arrêter à chaque minute pour les photographier. Difficile donc de faire un trail en maintenant son rythme ! Nous avons parcouru une vingtaime de kilomètres sur le chemin en courant, tout en appréciant la vue.

Nous avons fait demi tour après environ 1h30 de course pour retourner à la voiture. 21 km au total, sous un soleil de plomb, mais qui sont au final passés très rapidement grâce au nombreux points de vue agrémentant notre trajet.

Sur notre parcours, nous avons pu nous rafraichir deux fois : une fois grâce à la très fine cascade de l’ilet Flamand, coulant sur la paroi du rempart, et une seconde fois vers le dixième kilomètre, à l’aide d’un petit filet d’eau installé ici. Pour tout vous dire, ces deux points d’eau m’ont été d’une grande aide au retour… En courant, j’ai glissé sur la petite caillasse au 11ème kilomètre, ce qui m’a valu de m’ouvrir les genoux, les mains, et le coude. La poussière, la chaleur et le sang me cuisant, les filets d’eau m’ont permis de nettoyer les plaies et de me rafraichir. Mais le trajet retour n’a pas été de tout repos ! Heureusement que le sentier est plat…. Attention donc de bien se tenir contre la paroi, que ce soit en courant ou en marchant sur ce sentier, car le précipice est proche et il n’y a aucune sécurité. La chute serait fatale.

On peut suivre le tracé du chemin, sur la montagne à gauche

Attention aux chutes !

En plus d’offrir une vue sur les différentes ondulations montagneuses et les reliefs incroyables de cette île, cette randonnée permet aussi de contempler quelques îlets, ces petits hameaux créoles composés de quelques habitations seulement. Ils sont ravitaillés par hélicoptère.

Les différents points de vue sur la Rivières des Galets en contrebas nous ont donné l’envie d’aller la voir de plus près. C’est donc lors d’une autre excursion, ce week-end, que nous avons décidé de partir en bivouac dans cette zone. Nous nous sommes garés, peu avant 16h30, après La Poste de La Possession, sur un large parking au début du sentier longeant la rivières des Galets. Nous nous sommes inspirés de cette randonnée pour notre sortie, et l’avons modifié un peu.

Le début de la randonnée

La randonnée n’est pas difficile en terme de dénivelé : elle se déroule quasiment tout du long à plat, puisqu’il s’agit de longer la Rivières de Galets, pour s’introduire dans le cirque de Mafate. Cet itinéraire par la rivière est souvent emprunté par les marcheurs pour s’échauffer les muscles avant d’entamer les ascensions, au sein du cirque, vers les différents îlets (les petits villages perchés dans les montagnes). La difficulté de la randonnée réside essentiellement dans sa longueur (26km pour notre part), sur une piste caillouteuse et poussiéreuse, qui demande, environ tous les 2 km, de déchausser pour pouvoir traverser la rivière.

Un bonheur de remettre ses chaussettes sur pieds mouillés n’est-ce pas ?

Cela prend donc beaucoup de temps et beaucoup d’énergie, mais peut aussi faire un peu mal aux pieds, à force… Sur certaines traversées, des gros cailloux permettent de sauter de l’un à l’autre sans avoir besoin de se mouiller les pieds, mais cela reste très rare.

Avec un gros sac de trek dans le dos, il est facile de perdre l’équilibre, et si l’on ne veut pas finir à l’eau, il est préférable de se mouiller les pieds (parfois jusqu’aux genoux) et traverser la rivière directement. Avec Thibault, nous avions prévu le coup et pris avec nous nos chaussures d’eau, afin d’éviter de glisser sur les rochers vaseux au fond de la rivière, en la traversant.

Toutefois, il est aussi possible de ne pas se prendre la tête et de fournir moins d’efforts, en parcourant les premiers 8km de ce chemin avec un chauffeur, en 4×4. Cela permet d’éviter toutes les traversées de rivière et ce long chemin à parcourir sous un soleil de plomb puisqu’il n’y a pas d’ombre. Les chauffeurs de 4×4 proposent de prendre les personnes, moyennant une somme d’argent, au début de la randonnée, et les emmènent à l’entrée du cirque de Mafate.

Vous commencez à nous connaître, la simplicité, on n’aime pas trop ça; l’effort, il n’y a que ça de vrai ! Nous voulions mériter notre bivouac, et avons donc choisi de parcourir la totalité du trajet à pieds. En plus, cela nous a aussi permis de profiter des couleurs du ciel avec le soleil se couchant… Magnifique !

Après 10km parcouru et juste avant la nuit, nous avons trouvé l’endroit parfois pour notre bivouac : une petite plage de sable noir, accessible uniquement en crapahutant sur les rochers. Pas de risques d’être dérangés par d’autres marcheurs ! Nous étions même à l’abri des regards.


Après avoir installé notre tente et notre campement, nous nous sommes autorisés un petit bain rafraichissant dans la rivière, à la lumière de nos lampes frontales. Le petit plus que nous avons pu tester pour la première fois ici, c’est notre filtre à eau/purificateur d’eau. Nous avions investi il y a quelques temps d’un une pompe permettant de filtrer et purifier l’eau, afin d’avoir de l’eau potable en toutes circonstances. Dans un lieu comme l’île de La Réunion, où il fait très chaud, c’est indispensable. La pompe, en mettant le tuyau dans la rivière et l’embout d’arrivée dans nos gourdes, nous a permis de récolter de l’eau propre. Si vous voulez plus de renseignements sur le fonctionnement de notre purificateur d’eau, il s’agit de celui-ci.

Plus tard, nous nous sommes endormis sous la tente bercés par le bruit de l’eau et… des crapauds !

Au petit matin, c’est les discussions de randonneurs passant sur le chemin au loin qui nous ont réveillé vers 6h30. Nous avons très vite remarqué que le chemin était très très emprunté durant la journée, par des dizaines de groupes s’étant fait déposer par les 4×4. Après avoir replié notre campement, nous avons continué notre randonnée 3 kilomètres plus loin, jusqu’au barrage, qui est sans intérêt aucun.

La chaleur devenant très forte au fil de la matinée, nous avons alors rebroussé chemin, et il nous a fallu pas moins de 4h30 pour retourner à notre voiture et effectuer les 16 kilomètres qui nous en séparait. Il faisait alors 39 degrés et nous avons perdu beaucoup de temps sur les multiples traversées de rivière, nous faisant nous déchausser à chaque fois, enfiler nos chaussures d’eau, et ainsi de suite…

Nous sommes toutefois très contents d’avoir découvert ce joli spot de bivouac, où nous pourrons sans aucun doute emmener nos amis les moins sportifs pour passer un beau moment dans la nature et se baigner !

Le Piton des Neiges


Ahhhh ce fameux sommet qui nous faisait de l’oeil depuis notre arrivée à La Réunion ! Et pour cause ! Le Piton des Neiges est le point culminant de l’île la Réunion, avec ses 3070,50 mètres d’altitude. Autant vous dire que nous avions hâte de pouvoir le grimper.

Le Piton des Neiges est en fait un édifice volcanique, qui constitue les 3/5ème de l’île de La Réunion. Plus précisément, c’est lui qui, il y a 3 millions d’années, aurait donné naissance à l’île. Il n’est plus en activité depuis 12 000 ans et aurait perdu 1000 mètres lors de l’effondrement de son cratère, entrainant ainsi la formation des cirques alentour (Cilaos au sud, Mafate au nord ouest, et Salazie au nord-est), constituant aujourd’hui le coeur et la renommée de La Réunion.

La montée au Piton des Neiges est certainement l’une des randonnées les plus célèbres et les plus fréquentées de l’île de La Réunion. Néanmoins, avec ses quelques 1700m de dénivelé positif sur 8km, il faut tout de même y être préparé. Pour des marcheurs habitués, cette randonnée n’a pour autant rien d’un exploit : elle est très accessible, le sommet s’atteint en 3h30 à 4h pour des bons marcheurs, permettant ainsi de l’effectuer sans problèmes en une journée si l’on part assez tôt.
Partir du lieu-dit Le Bloc, situé à 1380m d’altitude, juste au-dessus de Cilaos, est le chemin le plus rapide, mais aussi le plus raide et éprouvant, pour y arriver.

Le Piton des Neiges est connu pour ses magnifiques levers de soleil, c’est pour cela que les randonneurs s’organisent en général pour arriver au sommet entre 4h30 et 5h du matin pour ne pas manquer le spectacle. La plupart du temps, les touristes et marcheurs occasionnels choisissent d’effectuer l’ascension en deux temps, avec un arrêt pour la nuit au Gîte de la Caverne Dufour, qui se situe à 5km du départ de randonnée et à 3km du sommet. L’ascension est en effet déjà très sérieuse dans les premiers lacets et jusqu’à l’arrivée au Gîte. Il faut donc garder des forces pour la suite si l’on ne prévoit pas d’y passer la nuit !

Si vous avez déjà lu nos précédentes aventures, vous commencez à nous connaître… C’est donc sans étonnement aucun que vous apprendrez que NON, nous n’avons pas dormi au gîte, mais OUI nous avons bel et bien décidé de camper au sommet, pour ne rien rater du spectacle. Bon, il faut dire aussi que nous, le bivouac, on adore ça. Planter notre tente en pleine nature, entourés de beaux paysages, faire cuire nos repas avec notre petit réchaud et boire nos cafés fumant en observant l’horizon… C’est ça pour nous le paradis. Le bivouac au sommet du Piton des Neiges était donc une évidence.


Notre bivouac, au petit matin, au sommet du Piton des Neiges

Avec la chaleur de plus en plus forte en ce mois de novembre sur l’île, mais aussi à cause de nos emplois du temps respectifs, ce n’est qu’à 19h que nous avons débuté notre randonnée. Depuis Saint-Denis, nous avons mis 2h en voiture pour rejoindre Le Bloc, le départ de la randonnée. C’est ici que nous nous sommes garés, au pied de la forêt d’où commence l’ascension. A notre arrivée, de nombreuses voitures étaient déjà stationnées, nous laissant imaginer le monde au gîte et/ou en bivouac au sommet. Pour autant, tout au long de notre ascension, nous n’avons croisé PERSONNE.

La nuit venait de tomber, nous nous sommes chacun équipés d’une lampe frontale, avons mis sur nos épaules nos sacs de trek (avec tente et matériel de camping dans celui de Thibault, vêtements et nourriture dans le mien) et nous nous sommes mis en route. Pas de surprise, la montée débute ILLICO ! La première partie de l’ascension, soit les 5km jusqu’au gîte, nous fait rencontrer tous les types de sentiers que l’on peut trouver à La Réunion : terre, marches en pierres (hautes, très hautes, moins hautes…), marches en bois, échelles métalliques… Qu’on se le dise, il n’y a pas de partie plate, seulement 2 ou 3 faux plats donnant l’espoir de pouvoir se reposer, mais ne durant, en fait, que l’espace de 30 petites secondes…
Nous avons fait la randonnée de nuit, mais les points de vue sur le cirque de Cilaos entre Le Bloc et le Gîte de la Caverne Dufour sont très rares, nous n’avons donc rien raté au niveau de la vue. A 2,5 km du départ, nous nous sommes autorisés un arrêt près d’un abri où coulait une source rafraichissante. Bon à savoir, le tuyau permet ici de remplir les gourdes d’eau si vous êtes déjà à sec !
Nous n’avons pas regretté d’être partis une fois la nuit tombée car il faisait encore très très chaud lors du début de notre ascension, nous étions trempés !
Après 2h25 de montée sur tous types de marches, nous sommes arrivés devant le gîte, seul source de lumière dans la nuit qui nous entourait. La photo ci-dessous a été prise le lendemain matin et vous montre le point de vue que l’on a sur le gîte lorsque l’on rejoint le sommet.

Le gîte de la Caverne Dufour. A gauche, la montée vers le sommet du Piton des Neiges…

Pas une seule âme qui vive à l’horizon, ni un seul bruit à l’intérieur du gîte alors qu’il n’était que 21h30… les marcheurs avaient dû se coucher tôt en prévision du lever très matinal pour aller admirer le lever du soleil au sommet. Nous avons cherché, silencieusement, à remplir nos gourdes d’eau… Pas de chance, pas d’eau potable dans le gîte ! Nous avons tout de même bu une gourde que nous avions apportée et l’avons remplie d’eau non potable, que nous ferions bouillir par la suite pour préparer notre repas.

Ce serait mentir de dire que les 3 derniers kilomètres étaient les plus faciles… Cette portion, la deuxième partie du trajet, est bien différente. Plus vraiment des marches mais plutôt des blocs sur lesquels il faut sauter en suivant les traces blanches, puis des petits gravillons et de la terre. La montée est régulière et emmène, depuis le gîte, en une heure environ au sommet. La flore se fait de plus en plus rare. Les photos qui suivent ont été prises le lendemain matin, dans la redescente :

C’est ici que nous avons mis le plus de temps. La nuit, la fraicheur arrivant (et des bourrasques de vent avec), les jambes fatiguées, la faim qui nous tiraillaient… Ok, je dis « nous » mais c’était certainement moi la plus faible. Sur la fin, Thibault a même décidé de porter mon sac, en plus du sien, tellement j’avais ralenti. C’est donc très lentement que nous avons vu défiler le chemin jusqu’au sommet. Mentalement et physiquement, cette portion était difficile. La nuit jouant des tours, nous n’avions pas de repères et ne savions pas vraiment quelle ligne de mire viser. Thibault m’annonçait « 400m restant », puis « 200 » puis « 140 », mais impossible d’en voir la fin !!! Les 140 derniers mètres ont été les plus longs, il fallait se faire violence pour mettre un pied après l’autre et il était toujours impossible de repérer le sommet et les emplacements prévus pour les tentes.

C’est sans forces que nous avons enfin atteint, vers 23h, le sommet du Piton des Neiges. Le vent soufflait très fort et, trempés de sueur après notre ascension, nous n’avons pas tardé à trembler de froid. La température au sommet du Piton des Neiges est d’environ 4 degrés la nuit en été (de novembre à février), avec un ressenti certainement plus frais dû au vent. Dans les mois les plus froids, il peut faire jusqu’à -1 au sommet. Il est important de prévoir des vêtements secs (et chauds) pour se changer une fois arrivé là-haut.

D’emblée, un groupe de campeurs déjà installé et encore debout nous a désigné un emplacement encore disponible, juste à côté du leur. Au sommet du Piton des Neiges, un petit dizaine d’emplacements pour les tentes sont prévus, entourés de cairns (des espèces de murs en pierres), pour protéger du vent. Une chance d’en avoir eu un encore disponible en arrivant aussi tard !

C’est silencieusement pour ne pas réveiller les quelques autres courageux dormant au sommet, et efficacement, que nous avons installé notre campement. A minuit, nous étions au chaud, dans nos duvets, en train de déguster nos sachets de pâtes lyophilisées. Attention je vous préviens, la photo est collector !

Nous, plein de sex-appeal, dans notre tente

Pour ne pas avoir froid, nous avions chacun enfilé plusieurs couches de vêtements : un collant et un jogging par dessus en bas, un T-shirt à manches, un haut technique à manches, et encore une polaire par dessus en haut. Nous n’avons pas eu froid mais la nuit fut tout de même très courte. Les bourrasques de vent était très importantes et faisaient beaucoup de bruit. Alors que j’ai pu dormir environ 1h30, Thibault n’a dormi que quelques minutes par-ci par-là. Vers 4h30 du matin, nous avons été réveillés par les premiers marcheurs venant du gîte. Nous nous sommes levés rapidement pour replier la tente, ranger les affaires, et pouvoir aller prendre notre petit-déjeuner face au soleil levant. Et il était vraiment temps ! Même si le lever du soleil n’était indiqué à la météo qu’à 5h38, le ciel était déjà coloré de rose, de jaune et de orange sur les coups de 5h du matin. Il ne faut donc pas arriver plus tard au sommet.

Face à ce spectacle, nous avons trouvé un coin « tranquille » pour faire bouillir notre eau pour le thé, et manger nos flocons d’avoine dans ce paysage unique en admirant le lever du soleil derrière les quelques nuages.

Pour le petit-dej, y a pas mieux !

Je précise en ironisant un coin « tranquille » car, on ne va pas se mentir, c’est une industrie ! Alors que nous étions moins d’une dizaine à dormir au sommet, au lever du soleil, à 5h du matin, il y avait une bonne soixantaine de personnes. Autant vous dire qu’il faut vous préparer à entendre fuser les « C’est le Grand-Bénare en face » « C’est Mafate à gauche » « Oh on voit Cilaos en bas »… Bref, les commentaires des autres, venant toujours briser la tranquillité de l’instant. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Thibault les adore, les autres…

Cependant, effectivement, la vue sur le Grand Bénare en face, et Cilaos à nos pieds, est époustouflante. On prend ici toute la mesure de ce relief unique qui constitue l’île de La Réunion, avec ses piques acérés, ses crêtes, ses pentes raides, tantôt verdoyantes, tantôt rouge volcanique, ce vide, cette immensité. Le paysage est magnifique.

Cassons la légende tout de suite : nous avions lu « vous ne tiendrez pas 10 minutes sans gants, sans bonnets, sans couverture de survie au sommet »… Bon, ce ne serait pas un peu exagéré tout ça ?! D’accord, nous venons du Canada mais quand même ! Au petit matin nous n’avons pas eu froid, au sommet, avec seulement nos coupes vent et nos hauts à manches longues. Pas de bonnets et pas de gants. Peut-être sont-ils plus nécessaires dans les mois les plus froids, hors période estivale.


Après avoir observé le lever du soleil, puis les paysages à 360 degrés, nous avons amorcé la redescente vers 6h15. La météo était agréable.

En 1h, nous avons atteint le gîte. Les deux heures suivantes nous avons sauté de marches en marches pour rejoindre le parking. Pour le coup, la difficulté dans la redescente est inverse à celle de la montée ! C’est la deuxième partie qui est la plus fatigante : impossible d’aller très vite puisque ce sont surtout des marches, qui changent toujours de hauteur.
Toutefois, la descente offre quelques beaux points de vue sur Cilaos. Par ailleurs, la descente nous a aussi permis de nous rendre compte de ce que nous avions grimpé la veille en pleine nuit. Tiens, nous n’avions pas idée que c’était aussi pentu par ici, ohhh et nous n’avions pas vu ces jolis arbres ici !…

Nous avons rejoins notre voiture en 3 heures. C’est heureux, mais morts de fatigue, que nous sommes ensuite rentrés à Saint-Denis.

En bref : nous avons adoré cette randonnée mythique et ce petit bivouac. Au total, nous aurons mis 4h à monter, et 3h à descendre. A faire sans aucun doute. Si nous pouvons émettre un petit hic, le lever de soleil n’est pas aussi impressionnant que ce qu’on peut entendre…

Le Skerwink Trail

Après notre courte escapade à Terra Nova National Park, nous reprenons la route pour descendre un peu plus au sud sur l’île de Terre-Neuve. La veille, une voyageuse de Colombie Britannique m’avait parlé d’un trail magnifique, plus au sud, dans la direction de Bonavista : le Skerwink Trail. Nous décidons, avant d’aller à St John’s, capitale de Terre-Neuve, de nous y arrêter. Cela nous fait faire un détour d’environ 1h30 pour notre route jusqu’à St John’s mais ce trail est classé parmi les plus beaux d’Amérique du Nord.

Il s’agit d’une marche de 5,3km le long du littoral, avec un ciel bleu et un beau soleil, c’est en effet magnifique ! Pas de difficulté notable sur cette courte randonnée, il n’y a qu’à apprécier le paysage !

Journée paradisiaque à l’île Maurice : Dauphins et île aux Bénitiers

Il a fallu se lever tôt, très tôt (4h45…) mais la récompense a été tellement au-dessus de ce que nous imaginions que nous le referions sans hésiter une seconde !

Durant nos 4 jours de break à l’île Maurice, se situant à seulement 45 minutes d’avion de la Réunion, nous avions réservé, grâce à une amie vivant sur l’île Maurice, une excursion à un dénommé Cédric. Celle-ci comprenait nage avec les dauphins et passage sur l’île aux Bénitiers, avec déjeuner compris sur l’île.
Nous nous sommes rendus pour 5h30 du matin sur la plage publique de Tamarin, à environ 25 min du Morne, sur la côte Ouest de l’île. Le soleil n’était pas encore levé, mais il faisait déjà chaud. Sur la plage, nous avons retrouvé Cédric, notre capitaine pour la journée, ainsi qu’une famille de 4 personnes et un groupe de 5 personnes. Cédric le capitaine était accompagné par Ryan pour l’aider à manœuvrer le bateau et prendre soin de nous tous.
C’est un tout petit bateau que Ryan a avancé vers nous. Nous avons été surpris car nous n’avions pas vraiment imaginé ça. Il ne faisait pas trop « touriste » mais plutôt bateau de pêche, tant mieux, c’est plus folklorique ! Nous avons donc dû avancer un peu, de l’eau jusqu’aux genoux, pour pouvoir monter dans le bateau. Une fois tous en place, nous sommes partis au large, quittant alors le lagon.

Notre bateau pour la journée

Au plus nous avancions dans l’océan, au plus nous pouvions admirer ce magnifique panorama avec les montagnes, l’eau, et le soleil se levant en arrière. Un magnifique premier aperçu de tout ce qui nous attendrait alors durant cette journée.

Une fois au large, nous nous sommes vite rendus compte que nous étions le seul bateau. Chouette ! On nous avait parlé de la « chasse au dauphin » par les bateaux de touristes souhaitant à tout prix tenter leur chance pour nager avec eux, ne créant au final qu’une piteuse attraction touristique faisant fuir les dauphins. Nous avons donc été ravis de voir que nous étions les premiers sur place et que, si dauphins il y avait, nous pourrions être seuls avec eux et ne pas les effrayer.

Après environ 45 minutes de bateaux, c’est mon cher et tendre Thibault qui a alerté le groupe, après avoir vu deux dauphins devant le bateau. Cédric et Ryan nous ont par la suite crié « ils sont là ! ». C’est dans un vent de panique que nous avons tous enfilé nos masques, palmes, et tubas, et nous sommes jetés dans l’eau, au milieu de l’Océan, bien après la barrière de corail, à 6h30 du matin, entre cette horde de dauphins souffleurs.   

Ils sont là ! Premiers ailerons à l’horizon
Les dauphins sont d’abord venus nager près du bateau

J’avoue ne pas être la plus à l’aise dans l’eau, et me jeter du bateau dans un endroit profond était déjà assez paniquant pour moi, surtout avec un masque sur la tête et un tuba dans la bouche. Une fois dans l’eau, Cédric m’a crié de vite plonger car des dauphins étaient autour de moi. J’ai aussitôt mis la tête sous l’eau et me suis retrouvée nez à nez avec un dauphin qui me fonçait dessus. WAH ! C’est un effet peu habituel…
Dans ce vent de panique, j’avais perdu Thibault, qui avait sauté du bateau avant moi et, difficile, en plein milieu de l’océan, dans un groupe de 11 personnes essayant de suivre les dauphins, de le retrouver. Nous avons donc vécu notre aventure chacun de notre côté. Il avait la GoPro en mains et, fort heureusement, a pu récolter quelques clichés de ces mammifères incroyables !

Notre petit groupe a pu apprécier ces moments rares, de partage, avec ce groupe de dauphins souffleurs. Nous avons essayé de nager près d’eux, mais ils sont bien évidemment beaucoup plus rapides que nous ! Une fois la tête sous l’eau, nous pouvions entendre leurs sifflements perçant, incessants… magique.

Après quelques minutes passées avec eux (nous avions alors perdu toute notion de temps !), nous sommes remontés sur le bateau car les dauphins nous avaient semés. Cédric nous alors avancés au plus près d’eux, un peu plus loin. De là, nous avons replongé à leur côté. Malheureusement, lors du deuxième saut, quelques autres bateaux étaient arrivés entre temps sur place, il y avait donc plus de monde dans l’eau pour suivre les dauphins.

Et la différence s’est déjà sentie ! Alors qu’ils étaient la première fois beaucoup plus en surface, avec nous, ils nageaient cette fois-ci beaucoup plus au fond de l’océan. Nous pouvions donc les voir du dessus, nageant au-dessus d’eux. Un de nos camarades de bateau, bon nageur, a pu plonger assez profondément pour aller au plus près d’eux. J’ai pour ma part préféré rester en surface et les observer d’en haut.

Après ces instantes uniques, nous avions l’impression d’avoir vécu une journée entière ! Et pourtant… Il n’était que 8h du matin !!! Cédric nous a proposé d’aller nager près de la barrière de corail, dans la baie de Tamarin, pour observer les poissons, comme dans un « aquarium géant ». Effectivement… C’était magnifique !        

Notre petit bateau

Lors de ces différentes plongées en mer, nous n’avons pas pensé un instant au risque requin. Pourtant, il était bel et bien présent. Nous n’étions plus dans le lagon mais au large, en plein océan.  Certains disent que s’il y a des dauphins, il n’y a pas de requin. En effet, le requin n’attaquerait pas l’homme s’il est entouré de dauphins… Jusqu’à preuve du contraire ! Le risque est potentiellement bien présent de croiser un requins une fois passée la barrière de corail, il ne valait donc mieux pas y penser lors de cette journée sinon la panique dans l’eau aurait été bien plus importante.     
Après ces instants de snorkeling (ou « randonnée subaquatique », comme dirait mon papa) nous sommes remontés sur le bateau direction l’île aux Bénitiers.
En nous y rendant, nous sommes passés par le « Crystal Rock », l’une des attractions touristique de l’île Maurice, située dans les eaux cristallines du lagon de l’Ouest de l’île, en face de l’île aux Bénitiers.

Premier passage vers le Crystal Rock, en début de matinée

Cette formation rocheuse naturelle, posée comme un diamant sur l’eau, avec en toile de fond le Morne pour un paysage ultra photogénique, est en fait un énorme corail ayant poussé hors de l’eau. Autour de lui, on trouve uniquement du sable fin. Nous l’avons vu différemment lors de notre premier passage, vers 9h le matin, alors que l’eau était très basse, et lors de notre second passage, vers 13h, alors que l’eau avait monté. Dans les deux cas, le paysage est juste incroyable !     

Lors de notre deuxième passage en début d’après-midi

Encore une fois nous avons eu de la chance, grâce au timing imposé par Cédric notre capitaine, nous avons été le premier bateau autour du Crystal Rock ce matin-là, et le premier bateau de touristes à arriver en face sur l’île aux Bénitiers, vers 9h30. Cela nous a permis de nous croire vraiment sur une île déserte, avec peu d’aménagements. Pas de toilettes sur l’île, ni de restaurants ou autre destructeur de paysage ! On y trouve seulement des petits constructions en bois servant d’échoppes pour les marchands.

Arrivée sur l’île aux Bénitiers

Lorsque nous sommes arrivés à 9h30, seuls quelques marchands étaient déjà en train d’installer leurs produits locaux. Nous avions l’île pour nous tout seuls ! Encore une fois nous avons été agréablement surpris car nos connaissances nous avons toutes déconseillé de nous y rendre, car « trop prisée par les touristes et blindée de monde vous n’allez pas aimer ». C’est l’exception qui confirme la règle ! Cela valait vraiment le coup de partir à 5h30, premiers avec les dauphins, et premiers sur l’île ! Nous avons pu profiter d’un bon 2h de calme, avant que l’île ne se remplisse petit à petit par d’autres touristes. Outre les petites échoppes, il y a aussi sur l’île plusieurs « tentes » installés pour que les touristes puissent déjeuner en dessous, à l’ombre.

A l’arrière, des petites cuisines de fortune sont bricolées, avec des barbecues. Alors que nous flânions sur l’île, Cédric, lui, nous préparait le repas ! Vers 11h nous nous sommes attablés autour de poisson grillé, viande, salade, et punch maison. Après ce repas incroyablement bon dans ce cadre idyllique, nous avons profité d’une petite heure encore sur l’île pour nous reposer et nous faire bronzer. Il était midi, l’île était alors remplie de touristes.

Vers 12h30, nous avons repris le bateau. Le soleil à son zénith donnait une couleur incroyable au lagon ! Admirez par vous-mêmes :

Sur le chemin du retour jusqu’à la plage publique de Tamarin, nous avons eu l’immense chance de recroiser un groupe de dauphins, rien que pour nous encore une fois ! Cédric, le capitaine, nous a dit qu’il était très rare d’en voir à cette heure tardive de la journée.     

Nous sommes arrivés à la plage vers 14h, nous laissant tout le loisir d’aller faire une petite sieste à l’ombre d’un cocotier après ce lever très matinal et cette journée intense en émotion et découverte.   
Pour cette excursion paradisiaque nous avons payé chacun 1200 roupies mauriciennes, soit 29 euros.        

Le volcan du Piton de la Fournaise en éruption

Je ne sais pas si nous avons une bonne étoile, mais jusque-là nous pouvons nous estimer particulièrement chanceux pour tous les paysages que nous avons pu admirer dans notre courte existence. Contempler une coulée de lave lors d’une éruption volcanique était une chose que nous n’espérions même pas. Même en passant 4 mois sur l’île de la Réunion, nous n’avions pas imaginé une seule seconde que le volcan pourrait entrer en éruption à ce moment-là (surtout après l’avoir été déjà 4 fois cette année !). Et bien… MERCI aux heureux hasards de la vie, nous pouvons maintenant rayer la mention « voir un volcan en éruption » sur notre liste de choses à voir avant de mourir.

Quand l’expression « avoir chaud aux fesses » prend tout son sens…

Ce vendredi 25 octobre 2019 à 14h40, le Piton de la Fournaise, volcan de l’île de la Réunion culminant à 2632m d’altitude est entré pour le 5ème fois de l’année en éruption. Il s’agit de l’un des volcans les plus actifs et les plus surveillés de la planète. Il constitue 40% de l’ile de la Réunion dans sa partie Sud-Est. Lorsque j’ai appris cette soudaine éruption en rentrant du travail, j’avoue avoir tout de suite tanné Thibault pour que nous nous y rendions. Imaginer pouvoir admirer un tel spectacle me mettait dans un tel état d’excitation que je ne voulais pas attendre plus longtemps pour ça ! Sa journée ayant été longue et laborieuse, il a négocié pour repousser cette sortie au volcan au lendemain. Sur les conseils d’une amie vivant à La Réunion depuis plusieurs années, il faudrait nous rendre au volcan au lever ou au coucher du soleil, de manière à pouvoir l’admirer de jour ET de nuit. Nous avons opté pour nous y rendre le samedi en fin de journée. Le Volcan étant à environ 1h30 de route de Saint-Denis, en longeant la route littoral Est (la RN2) nous sommes arrivés sur les lieux vers 17h15, soit un peu plus d’une journée après le début de l’éruption. A en voir à quelle distance nous avons dû nous garer du volcan, nous n’étions visiblement pas les seuls à vouloir en prendre plein les yeux…

Des barrages et des policiers se situaient juste en amont du Grand Brûlé. Nous avons donc du nous garer et finir la route à pieds (les autorités laissant à ce moment-là les piétons accéder au volcan) jusqu’au bas des Grandes Pentes. Nous avons marché 2km sur la route.
Lorsque nous sommes arrivés en bas des Grandes Pentes, là ou commence la randonnée vers le cratère Dolomieu, nous avons saisi l’ampleur de la situation. Des centaines de badauds se trouvaient là, sur le bas des pentes du volcan, à regarder la nouvelle coulée de lave descendre petit à petit. Le spectacle était déjà très impressionnant, nous n’avions jamais vu du magma de si près ! L’odeur et la chaleur sont exactement ce qu’on peut imaginer en se trouvant proche de la lave…

En regardant un peu plus haut, notre attention a d’emblée été attirée par le coeur de cette nouvelle éruption : le cratère, là, tout là haut, d’où nous pouvions voir jaillir la lave et descendre la nouvelle coulée de lave. Magnifique. Comme hypnotisés, nous ne pouvions nous arrêtés là, il fallait que nous montions voir ça de plus près !
Nous avons donc emprunté les anciennes coulées de lave (aïe, ça fait mal aux pieds) pour montrer jusqu’au coeur de l’action. La montée n’a même pas été difficile, tant nous pensions tout le long au spectacle que nous trouverions à l’arrivée. Par contre, nous étions complètement trempés de chaud !

La nouvelle coulée de lave est reconnaissable par sa couleur plus foncée, pratique pour ne pas se tromper de chemin et ne pas se brûler !

Au plus le jour baissait, au plus nous étions impressionnés par cette lave en fusion, là-haut, juste devant nous ! Nous avons monté environ 2,5km sur les anciennes coulées de lave pour enfin arriver juste en dessous de la nouvelle coulée.

Pas peu fiers en arrivant devant notre première coulée de lave…

Je ne saurais vous décrire cette sensation que d’être face à un spectacle unique, que peu de gens peuvent avoir la chance d’observer une fois dans leur vie. Cette sensation de rareté, mélangée à l’excitation, à la stupeur, à l’émerveillement. Face à la coulée de lave, nous nous sommes assis quelques instants, avec les courageux qui étaient montés peu avant nous, tous dans le silence, à en prendre plein les yeux et admirer quelque chose qui nous dépasse : le spectacle de la nature.

Revenant à la réalité après la contemplation (dans la chaleur !) de cette scène incroyable, nous avons enfilé nos lampes frontales et amorcé la descente du volcan. Le départ était plus pointu puisque nous étions sur la crête d’un ancien cratère, sans véritable chemin tracé. Dans la nuit et les petits cailloux, nous sommes donc descendus trèèès lentement. Nous n’avions bien sûr pas oublié de nous retourner de temps en temps pour admirer encore ce spectacle grandiose !